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ÂME.

il n’y a qu’heur et malheur dans ce monde ; cet homme, qui est devenu délateur et persécuteur, n’a été fait évêque, par la protection d’un ministre d’État, qu’immédiatement après avoir fait son livre.

À Salamanque, à Coimbre, à Rome, il aurait été obligé de se rétracter et de demander pardon. En Angleterre il est devenu pair du royaume avec cent mille livres de rente : c’était de quoi adoucir ses mœurs.


SECTION VI[1].

DU BESOIN DE LA RÉVÉLATION.


Le plus grand bienfait dont nous soyons redevables au Nouveau Testament, c’est de nous avoir révélé l’immortalité de l’âme. C’est donc bien vainement que ce Warburton a voulu jeter des nuages sur cette importante vérité, en représentant continuellement dans sa Légation de Moïse que « les anciens Juifs n’avaient aucune connaissance de ce dogme nécessaire, et que les saducéens ne l’admettaient pas du temps de notre seigneur Jésus ».

Il interprète à sa manière les propres mots qu’on fait prononcer à Jésus-Christ[2]. « N’avez-vous pas lu ces paroles que Dieu vous a dites : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ? or Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. » Il donne à la parabole du mauvais riche un sens contraire à celui de toutes les Églises. Sherlock, évêque de Londres, et vingt autres savants, l’ont réfuté. Les philosophes anglais même lui ont reproché combien il est scandaleux dans un évêque anglican de manifester une opinion si contraire à l’Église anglicane : et cet homme après cela s’avise de traiter les gens d’impies ; semblable au personnage d’Arlequin, dans la comédie du Dévaliseur

  1. Questions sur L’Encyclopédie, 1770. (B.)
  2. Saint Matthieu, chapitre xxii, v. 31 et 32. (Note de Voltaire.)