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BAPTÊME.

Il mourut malgré tout cela ; et monsieur son fils, qui avait acheté aussi une charge importante, s’empara des meilleurs effets.

L’homme de lettres lui écrivit, ne doutant pas de sa loyauté, attendu que cet homme avait une dignité d’homme de loi. L’important lui manda qu’il protégerait toujours les gens de lettres, s’enfuit, et ne paya rien.



BAPTÊME,


mot grec qui signifie « immersion ».


SECTION PREMIÈRE.[1]


Nous ne parlons point du baptême en théologiens ; nous ne sommes que de pauvres gens de lettres qui n’entrons jamais dans le sanctuaire.

Les Indiens, de temps immémorial, se plongeaient et plongent encore dans le Gange. Les hommes, qui se conduisent toujours par les sens, imaginèrent aisément que ce qui lavait le corps lavait aussi l’âme. Il y avait de grandes cuves dans les souterrains des temples d’Égypte pour les prêtres et pour les initiés.

Ah ! nimium faciles qui tristia crimina cædis
Fluminea tolli posse putatis aqua.

(Ovid., Fast., II, 45-46.)

Le vieux Boudier, à l’âge de quatre-vingts ans, traduisit comiquement ces deux vers :

C’est une drôle de maxime
Qu’une lessive efface un crime.

Comme tout signe est indifférent par lui-même, Dieu daigna consacrer cette coutume chez le peuple hébreu. On baptisait tous les étrangers qui venaient s’établir dans la Palestine ; ils étaient appelés prosélytes de domicile.

Ils n’étaient pas forcés à recevoir la circoncision, mais seulement à embrasser les sept préceptes des noachides, et à ne sacri-

  1. En 1770, cette première section composait tout l’article des Questions sur l’Encyclopédie, troisième partie. Dans le Dictionnaire philosophique, en 1764, il y avait un article dont les phrases et alinéas se retrouvent ici. (B.)