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BEKKER.

ments. De ce pavillon carré on découvre tous les palais, toutes les maisons, tous les jardins de cet enclos immense : il y en a plus de quatre cents.

Quand l’empereur donne quelque fête, tous ces bâtiments sont illuminés en un instant, et de chaque maison on voit un feu d’artifice.

Ce n’est pas tout ; au bout de ce qu’on appelle la mer, est une grande foire que tiennent les officiers de l’empereur. Des vaisseaux partent de la grande mer pour arriver à la foire. Les courtisans se déguisent en marchands, en ouvriers de toute espèce : l’un tient un café, l’autre un cabaret ; l’un fait le métier de filou, l’autre d’archer, qui court après lui. L’empereur, l’impératrice et toutes les dames de la cour, viennent marchander des étoffes ; les faux marchands les trompent tant qu’ils peuvent. Ils leur disent qu’il est honteux de tant disputer sur le prix, qu’ils sont de mauvaises pratiques. Leurs Majestés répondent qu’ils ont affaire à des fripons ; les marchands se fâchent, et veulent s’en aller : on les apaise ; l’empereur achète tout, et en fait des loteries pour toute sa cour. Plus loin sont des spectacles de toute espèce.

Quand frère Attiret vint de la Chine à Versailles, il le trouva petit et triste. Des Allemands qui s’extasiaient en parcourant les bosquets s’étonnaient que frère Attiret fût si difficile. C’est encore une raison qui me détermine à ne point faire un traité du beau.



BEKKER[1],


ou du « Monde enchanté », du diable, du livre d’Énoch, et des sorciers.


Ce Balthazar Bekker[2] très-bon homme, grand ennemi de l’enfer éternel et du diable, et encore plus de la précision, fit beaucoup de bruit en son temps par son gros livre du Monde enchanté (1694, 4 volumes in-12).

Un Jacques-George de Chaufepié, prétendu continuateur de Bayle, assure que Bekker apprit le grec à Groningue. Niceron a de bonnes raisons pour croire que ce fut à Franeker. On est fort en doute et fort en peine à la cour sur ce point d’histoire.

  1. Questions sur l’Encyclopédie, troisième partie, 1770. (B.)
  2. Théologien et prédicateur allemand, né aux environs de Groningue en 1634, mort à Amsterdam en 1698. Son Monde enchanté a été traduit en français (Deventer, 1737, in-8o).