plupart fines et gracieuses ; elles n’ont rien des images grossières que Catulle et Martial ont prodiguées, et que Marot et d’autres ont imitées. En voici quelques-unes traduites avec une brièveté dont on a souvent reproché à la langue française d’être privée. L’auteur est inconnu[1].
Un peu de miel, un peu de lait,
Rendent Mercure favorable ;
Hercule est bien plus cher, il est bien moins traitable ;
Sans deux agneaux par jour il n’est point satisfait.
On dit qu’à mes moutons ce dieu sera propice.
Qu’il soit béni ! mais entre nous,
C’est un peu trop en sacrifice :
Qu’importe qui les mange, ou d’Hercule ou des loups[2] ?
Je le donne à Vénus puisqu’elle est toujours belle ;
Il redouble trop mes ennuis :
Je ne saurais me voir dans ce miroir fidèle
Ni telle que j’étais, ni telle que je suis.
Oui, je me montrai toute nue.
Au dieu Mars, au bel Adonis,
À Vulcain même, et j’en rougis ;
Mais Praxitèle, où m’a-t-il vue ?
Le fatal courroux des dieux
Changea cette femme en pierre ;
Le sculpteur a fait bien mieux :
Il a fait tout le contraire.