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ÉPIGRAMME.


Sur des fleurs, à une fille grecque qui passait pour être fière.

Je sais bien que ces fleurs nouvelles
Sont loin d’égaler vos appas ;
Ne vous enorgueillissez pas :
Le temps vous fanera comme elles.


Sur Léandre, qui nageait vers la tour d’Héro pendant une tempête
(Épigramme imitée depuis par Martial[1].)

Léandre, conduit par l’Amour,
En nageant, disait aux orages :
Laissez-moi gagner les rivages,
Ne me noyez qu’à mon retour.

À travers la faiblesse de la traduction, il est aisé d’entrevoir la délicatesse et les grâces piquantes de ces épigrammes. Qu’elles sont différentes des grossières images trop souvent peintes dans Catulle et dans Martial !

At nunc pro cervo mentula supposita est.

(Martial, III, 91.)

Teque puta cunnos, uxor, habere duos.

(Martial, XI, 44.)

Marot en a fait quelques-unes, où l’on retrouve toute l’aménité de la Grèce.

Plus ne suis ce que j’ai été
Et ne le saurois jamais être ;
Mon beau printemps et mon été
Ont fait le saut par la fenêtre.
Amour, tu as été mon maître,
Je t’ai servi sur tous les dieux.
Ô ! si je pouvois deux fois naître,
Comment je te servirois mieux !

  1. Spect. xxv ou xxviii, et livre XIV, 179 ou 181. Chardon de La Rochette (Mélanges, i, 287) remarque que l’on chercherait vainement dans l’Anthologie l’original des vers de Martial, qui peut cependant les avoir traduits ou imites d’une pièce grecque qui ne nous sera pas parvenue.