De ces funestes lieux qu’il s’écarte, qu’il fuie,
Qu’il sauve en s’éloignant et ma gloire et sa vie.
Mais qui peut l’arrêter ? Il devrait être ici.
Chère Égine, va, cours.
Scène II.
Dans le mortel effroi dont mon âme est émue,
Je ne m’excuse point de chercher votre vue :
Mon devoir, il est vrai, m’ordonne de vous fuir ;
Je dois vous oublier, et non pas vous trahir :
Je crois que vous savez le sort qu’on vous apprête.
Un vain peuple en tumulte a demandé ma tête :
Il souffre, il est injuste, il faut lui pardonner.
Gardez à ses fureurs de vous abandonner.
Partez ; de votre sort vous êtes encor maître ;
Mais ce moment, seigneur, est le dernier peut-être
Où je puis vous sauver d’un indigne trépas.
Fuyez ; et loin de moi précipitant vos pas,
Pour prix de votre vie heureusement sauvée,
Oubliez que c’est moi qui vous l’ai conservée.
Daignez montrer, madame, à mon cœur agité
Moins de compassion et plus de fermeté ;
Préférez, comme moi, mon honneur à ma vie ;
Commandez que je meure, et non pas que je fuie ;
Et ne me forcez point, quand je suis innocent,
À devenir coupable en vous obéissant.
Des biens que m’a ravis la colère céleste,
Ma gloire, mon honneur est le seul qui me reste ;
Ne m’ôtez pas ce bien dont je suis si jaloux,
Et ne m’ordonnez pas d’être indigne de vous.
J’ai vécu, j’ai rempli ma triste destinée,
Madame : à votre époux ma parole est donnée ;