ACTE CINQUIÈME.
Scène I.
Finissez vos regrets, et retenez vos larmes :
Vous plaignez mon exil, il a pour moi des charmes ;
Ma fuite à vos malheurs assure un prompt secours ;
En perdant votre roi vous conservez vos jours.
Du sort de tout ce peuple il est temps que j’ordonne.
J’ai sauvé cet empire en arrivant au trône :
J’en descendrai du moins comme j’y suis monté ;
Ma gloire me suivra dans mon adversité.
Mon destin fut toujours de vous rendre la vie ;
Je quitte mes enfants, mon trône, ma patrie :
Écoutez-moi du moins pour la dernière fois ;
Puisqu’il vous faut un roi, consultez-en mon choix.
Philoctète est puissant, vertueux, intrépide :
Un monarque est son père[1], il fut l’ami d’Alcide ;
Que je parte, et qu’il règne. Allez chercher Phorbas,
Qu’il paraisse à mes yeux, qu’il ne me craigne pas ;
Il faut de mes bontés lui laisser quelque marque,
Et quitter mes sujets et le trône en monarque.
Que l’on fasse approcher l’étranger devant moi.
Vous, demeurez.
Scène II.
vois ?
Icare, est-ce vous que je- ↑ Il était fils du roi d’Eubée, aujourd’hui Négrepont.