Les feux contagieux ne sont plus allumés ;
Vos tombeaux qui s’ouvraient sont déjà refermés ;
La mort fuit, et le dieu du ciel et de la terre
Annonce ses bontés par la voix du tonnerre.
Quels éclats ! Ciel ! Où suis-je ? Et qu’est-ce que j’entends ?
Barbares !…
Laïus du sein des morts cesse de vous poursuivre ;
Il vous permet encor de régner et de vivre ;
Le sang d’Œdipe enfin suffit à son courroux.
Dieux !
Ô des noms les plus chers assemblage effroyable !
Il est donc mort ?
Des morts et des vivants semble le séparer :
Il s’est privé du jour avant que d’expirer.
Je l’ai vu dans ses yeux enfoncer cette épée
Qui du sang de son père avait été trempée ;
Il a rempli son sort ; et ce moment fatal
Du salut des Thébains est le premier signal.
Tel est l’ordre du ciel, dont la fureur se lasse ;
Comme il veut, aux mortels il fait justice ou grâce ;
Ses traits sont épuisés sur ce malheureux fils.
Vivez, il vous pardonne.
Par un pouvoir affreux réservée à l’inceste,
La mort est le seul bien, le seul dieu qui me reste.
Laïus, reçois mon sang, je te suis chez les morts :
J’ai vécu vertueuse, et je meurs sans remords.
Ô malheureuse reine ! ô destin que j’abhorre !
Ne plaignez que mon fils, puisqu’il respire encore.