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ACTI- : V. SCENE II. 149

Mais vous, qui, près de moi soupirant dans l’Épire,

Avez lu tant do fois dans lo cœur d’Arténiire ;

Vous (\o ([iii la vertu nirrita tous mes soins ;

Vous (|iii nfaimiez, hélas ! (jiii le disiez du moins ;

C’est vous ([ui, redoublant ma honte et mon injure.

Du monstre qui m’accuse écoutez l’imposture ?

Barbare ! vos soupçons manquaient à mon malheur.

Ah : loi*sque de Pallante éprouvant la fureur,

Combattant malgré moi ma llamme et vos alarmes,

Mon cœur désespéré résistait à vos larmes,

Et, trop faible en effet contre un charme si doux.

Cherchait dans le trépas des armes contre vous,

Hélas ! qui m’aurait dit que dans cette journée

Ma vertu par vous-même eût été soupçonnée ?

J’ai cru mieux vous connaître, et n’ai pas dû penser

Qu’entre Pallante et moi vous puissiez balancer.

Pardonnez-moi, grands dieux, qui m’avez condamnée !

De l’univers entier je meurs abandonnée ;

Ma mort, dans le tombeau cachant la vérité,

Fera passer ma honte à la postérité.

Toutefois, dans l’horreur d’un si cruel supplice,

Si du moins Philotas m’avait rendu justice.

S’il pouvait m’esiimer et me plaindre en secret,

Je sens que je mourrais avec moins de regret.

PHILOTAS.

Quel droit un malheureux avait-il sur votre âme ? Comment…

ARTÉMIRE.

Ah ! si mon cœur s’est pu laisser toucher. S’il a quelque penchant que j’en doive arracher. Vous ne savez que trop pour qui, plein de tendresse. Ce cœur a jusqu’ici combattu sa faiblesse. J’ai peut-être offensé les dieux et mon époux : Mais si je fus coupable, ingrat, c’était pour vous.

PHILOTAS.

Courons à vos tyrans.

ARTÉMIRE.

Non, demeurez, seigneur. J’aime mieux vos regrets qu’une audace inutile ; Innocente à vos yeux, je périrai tranquille ;