Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/170

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150 FRAGMENTS D’ARTÉMIRE.

Et le sort qui m’attend pourra me sembler doux,

Puisqu’il me punira de n’être point à vous.

Adieu : le temps approche où Ton veut que j’expire :

Adieu, N’oubliez point l’innocente Artémire :

Que son nom vous soit cher ; elle l’a mérité :

A son honneur flétri rendez la pureté,

Et que, malgré l’horreur d’une tache si noire,

Vos larmes quelquefois honorent sa mémoire !

PHILOTAS.

le parti qui vous reste,

Et j’y cours.

ARTÉMIRE.

Arrêtez. Ah ! désespoir funeste ! De quel malheur nouveau me va-t-il accabler ? Géphise, il valait mieux mourir sans lui parler. Et… Mais quelle pâleur sur ton front répandue !

CÉPHtSE.

. . Ce monstre encor se présente à vos yeux,

ARTÉMIRE.

Céphise, il vient jouir du succès de son crime ; Dans les bras de la mort il vient voir sa victime ; C’est peu de mon trépas, s’il n’en repaît ses yeux. Allons, et remettons notre vengeance aux dieux.

SCENE VIL

ARTÉMIRE, CÉPHISE, UN GARDE.

LE GARDE,

Il examine, il doute, et ses yeux vont s’ouvrir.

ARTÉMIl’.E.

Dieux, dont la main sur moi sans cesse appesantie Me promène ù son gré de la mort à la vie. Dieux puissants, sur moi seule étendez votre bras ! Hendez-moi mon supplice, et saincz IMiilotas ; Éteignez dans mon sang une ardeur inlidèle : Plus son péril est grand, pins je suis criniinclle. Viens, Cassandre, il est temps ; viens, frappe. Acnge-toi Je te pardonne tout, et n’immole que moi.