Scène II.
Il vient : de quelle horreur il paraît agité !
Seigneur, votre vengeance est-elle en sûreté ?
Me préserve le ciel que ma voix téméraire,
D'un roi clément et sage irritant la colère,
Ose se faire entendre entre la reine et lui !
Mais, seigneur, contre vous Sohême est son appui.
Non, ne vous vengez point, mais veillez sur vous-même ;
Redoutez ses complots et la main de Sohême.
Ah ! je ne le crains point.
Seigneur, n'en doutez pas,
De l'adultère au meurtre il n'est souvent qu'un pas.
Que dites-vous ?
Sohême, incapable de feindre,
Fut de vos ennemis toujours le plus à craindre ;
Ceux dont il s'assura le coupable secours
Ont parlé hautement d'attenter à vos jours.
Mariamne me hait, c'est là son plus grand crime.
Ma soeur, vous approuvez la fureur qui m'anime ;
Vous voyez mes chagrins, vous en avez pitié ;
Mon coeur n'attend plus rien que de votre amitié.
Hélas ! plein d'une erreur trop fatale et trop chère,
950 Je vous sacrifiais au seul soin de lui plaire :
Je vous comptais déjà parmi mes ennemis ;
Je punissais sur vous sa haine et ses mépris.
Ah ! j'atteste à vos yeux ma tendresse outragée
Qu'avant la fin du jour vous en serez vengée ;
Je veux surtout, je veux, dans ma juste fureur,
La punir du pouvoir qu'elle avait sur mon coeur.