Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/225

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MARIAMNE.

Élise, soutiens-moi, mes forces s'affaiblissent.

ÉLISE.

Avançons.

MARIAMNE.

Quel tourment !

HÉRODE.

Que lui dirai-je ? ô cieux !

MARIAMNE.

Pourquoi m'ordonnez-vous de paraître à vos yeux ?
Voulez-vous de vos mains m'ôter ce faible reste
D'une vie à tous deux également funeste ?
Vous le pouvez : frappez, le coup m'en sera doux ;
Et c'est l'unique bien que je tiendrai de vous.

HÉRODE.

Oui, je me vengerai, vous serez satisfaite :
Mais parlez, défendez votre indigne retraite.
Pourquoi, lorsque mon coeur si longtemps offensé,
Indulgent pour vous seule, oubliait le passé,
Lorsque vous partagiez mon empire et ma gloire
Pourquoi prépariez-vous cette fuite si noire ?
Quel dessein, quelle haine a pu vous posséder ?

MARIAMNE.

Ah ! seigneur, est-ce vous à me le demander ?
Je ne veux point vous faire un reproche inutile :
Mais si, loin de ces lieux, j'ai cherché quelque asile,
Si Mariamne enfin, pour la première fois,
Du pouvoir d'un époux méconnaissant les droits,
A voulu se soustraire à son obéissance,
Songez à tous ces rois dont je tiens la naissance,
À mes périls présents, à mes malheurs passés,
Et condamnez ma fuite après, si vous l'osez.

HÉRODE.

Quoi ! lorsqu'avec un traître un fol amour vous lie !
Quand Sohême...

MARIAMNE.

Arrêtez ; il suffit de ma vie.
D'un si cruel affront cessez de me couvrir ;
Laissez-moi chez les morts descendre sans rougir.
N'oubliez pas du moins qu'attachés l'un à l'autre,
L'hymen qui nous unit joint mon honneur au vôtre.
Voilà mon coeur, frappez : mais en portant vos coups,