Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/244

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VARIANTES DK MARIAMNE.

Interdit ot tremblant, j’ai paru devant elle.

Ses regards, il est vrai, n’étaient point enflammes

Du courroux dont souvent je les ai vus armés.

Ces cris déscs])érés, ces mouvements d’horreur

Dont il fallut longtemps essuyer la fureur,

Quand par un coup d’État peut-être trop sévère,

J’eus fait assassiner et son père et son frère.

De ses propres périls son cœur moins agité

M’a surpris aujoui’d'liui par sa tranquillité.

Ses beaux yeux, dont l’éclat n’eut jamais tant de charmes

S’efforçaient devant moi de me cacher leurs larmes.

J’admirais en secret sa modeste douleur :

Qu’on cet état, ô ciel ! elle a touché mon cœur I

Combien je détestais ma fureur homicide !

Je ne le cèle point : plein d’un zèle timide.

Sans rougir, à ses pieds je me suis prosterné :

J’adorais cet objet que j’avais condamné.

Hélas ! mon désespoir la fatiguait encore ;

Elle se détournait d’un époux qu’elle abhorre ;

Ses regards inquiets n’osaient tomber sur moi ;

lit tout, jusqu’à mes pleurs, augmentait son effroi.

MAZAEL.

Sans doute elle vous hait ; sa haine envenimée Jamais par vos bontés ne sera désarmée : Vos respects dangereux nourrissent sa fierté.

H K 11 l) E.

Elle me hait ! Ah dieux ! je l’ai trop mérité ;

Je n’en murmure point : ma jalouse furie

A de malheurs sans nombre empoisonné sa vie.

J’ai dans le sein d’un père enfoncé le couteau.

Je suis son ennemi, son tyran, son bourreau.

Je lui pardonne, hélas ! dans le sort qui l’accable,

De haïr à ce point un époux si coupable.

M AZAE I,.

Étouffez les remords dont vous êtes pressé ; Le sang de ses parents fut justement versé. Les rois sont affranchis de ces règles austères Que le devoir inspire aux àmcs oi’dinaires.

n En ODE. Mariamne me hait ! Cependant autrefois. Quand ce fatal hymen te rangea sous mes lois, O reine ! s’il se peut, que ton cœur s’en souvienne. Ta tendresse en ce temps fut égale à la mienne. .\u milieu des périls, son généreux amour Aux murs de Massada me conserva le jour Mazaél, se peut-il que d’une ardeur si sainte La flamme sans retour soit pour jamais éteinte ? Le cœur de Mariamne est-il fermé pour moi ?

M AZAKI..

Seigneur, m"est-il pi-rniis de parler à mou roi ?

II É K O I) E.

Ne me déguise rien, parle ; que faut-il faire ?