Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/341

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SUR LA THAGEDIK. : i2\

Co spoctnclo rliai’iiia : mais voilà tout ce qu’il veut de l)eaii I ’-Otto tragédie.

. ’Hir moi, j’avoue que ce n’a pas été sans ([uelqiie crainte que j"ai introduit sur la scène française le s(nat d( ; Home, en robes i-()u,ti,-es. allant aux oi)inions. Je me souvenais (|ue lorsque j’inlrodiiisis aulrefois dans OlùHjic un clia’ur de Tli(l)ains qui disait ’ :

O niorl, nous iiii|)l()roiis Ion fïuicsti’ secours !

nioit. viens nous sauver, viens terminer nf)s jours !

le parterre, au lieu d’être lVapp(’ du patli(’li(|ii(’ ipii |)ouvait être en cet endroit, ne sentit d’abord que le prétendu ridicule d’avoir mis ces vers dans la Louche d’acteurs peu accoutumés, et il fit un éclat de rire. C’est ce qui m’a empêché, dans B)-utus, de faire parler les sénateurs quand Titus est accusé devant eux, et d’aug- menter la terreur de la situation, en exprimant l’étonnement et la douleur de ces pères de Rome, qui sans doute devaient mar- ([uer leur surprise autrement (fue i)ar un jeu muet, qui même n’a pas été exécuté’.

Les Anglais donnent beaucoup plus à l’action que nous, ils

imprimée, sont cités de deux autres manières différentes par Lcris, dans son Dic- tionnaire portatif des théâtres, seconde édition, page 30’2.

1. Voyez page 65, acte V, scène ii d’OEdipe.

2. Dans les éditions de 1731 à [’o2, on lisait ici ce qui suit :

(i Au reste, mylord, s’il y a quelques endroits passables dans cet ouvrage, il faut que j’avoue que j’en ai l’obligation à dos amis qui pensent comme vous. Ils m’encourageaient à t’^mpcrer l’austérité de Brutus par l’amour paternel, afin qu’on admirât et qu’on plaignit l’effort qu’il se fait on condamnant son fils. Ils m’exhor- taient à donner à la jeune Tullie un caractère de tendresse et d’innocence, parce que si j’en avais fait une héroïne altière qui n’eût parlé à Titus que comme à un sujet qui devait servir son prince, alors Titus aurait été avili, et l’ambassadeur eût été inutile. Ils voulaient que Titus fût un jeune homme furieux dans ses passions, aimant Rome et son père, adorant Tullie, se faisant un devoir d’être fidèle au sénat même dent il se plaignait, et emporté loin de son devoir par une passion dont il avait cru être le maître. En effet, si Titus avait été de l’avis de sa maîtresse, et s’était dit à lui-même de bonnes raisons en faveur des rois, Brutus alors n’eût été regardé que comme un chef de rebelles, Titus n’aurait plus eu de remords, son père n’eût plus excité la pitié.

« Gardez, me disaient-ils, que les deux enfants de Brutus paraissent sur la scène ; vous savez que l’intérêt est perdu quand il est partagé. Mais surtout que votre pièce soit simple ; imitez cette beauté des Grecs, croyez que la multiplicité des événements et des intérêts compliqués n’est que la ressource des génies stériles qui ne savent pas tirer d’une seule passion de quoi faire cinq actes. Tâchez de tra- vailler chaque scène comme si c’était la seule que vous eussiez à écrire. Ce sont les beautés de détail, etc., etc. »

Le texte actuel est de 1736. (B.)

Théatue. I. 21