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352 BRUTUS.

Qu’à cet amour fatal il veuille se soumettre. Je peux parler encore, et je vais aujourd’hui…

ARONS.

Puisqu’il est amoureux, je compte encor sur lui. Un regard de ïullie, un seul mot de sa l)Ouclie, Peut plus, pour amollir cette vertu l’arouclie, Que les subtils détours et tout l’art séducteur D’un chef de conjurés et d’un aml)assadeur.

^N’espérons des humains rien (jue par leur faiblesse.

L’ambition de l’un, de l’autre la tendresse.

Voilà des conjurés qui serviront mon roi ;

C’est d’eux que j’attends tout : ils sont plus forts (pie moi.

rTuUie enlrc. Mossala se retire.)

SCENE III.

TULLIE\ ARONS, ALGINE.

ARONS.

Aladame, en ce moment je reçois cette lettre

Qu’en vos augustes mains mon ordre est de remettre.

Et que jusqu’en la mienne a fait passer Tarquin.

TULLIE,

Dieux ! protégez mon père, et changez son destin !

(Elle lit.1

(( Le trône des Romains peut sortir de sa cendre : Le vainqueur de son roi peut en être l’appui :

1. Dans toutes les éditions antcriourcs à la nôtre, on fait jouor à M"*^^ Gaussin le rôle de Tullie. D’après les registres de la Comédie-Française, nous l’avons rendu à M" Danpievillc, qui n’était âgée que de quatorze ans, et à laquelle Voltaire adressa, après la première représentation, une jolie lettre d’encouragement qu’on trouvera dans la Correspondance. Ce fut Voltaire lui-même qui alla porter le rôle de Tullie

\ M" Dangeville, qui venait de débuter dans Hermione. Celle-ri dut l’accepter

au préjudice d’une camarade plus ancienne qu’elle, M"’= de Seine. Le rôle de Tullie était mauvais ; mais, comme il y eut cabale, on imputa le peu de succès de la pièce à la nouvelle arti-icc, qui, (léi)itée, renonça pour toujours au tragique. On lui adressa ces vers :

Mais quelle erreur vient vous livrer

Tout entière à Tlialio Pour n’avoir pu faire admirer

Les défauts de Tullie ? Quiconque jupe sainement

Vous a rendu justice ; C’était le rôle seulement

Qui manquait à l’actrice. (G. A.)