Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/422

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LA PRÉSIDENTE.

Vous voulez me tuer ce pauvre garçon ; et moi, je vous dis qu’après souper il prendra trois de mes pilules. Mais je veux auparavant qu’il fasse connaissance avec toute ma famille.

LE PRÉSIDENT.

C’est bien dit, ma toute : qu’on fasse descendre madame la comtesse et Fanchon.

LA PRÉSIDENTE.

Mes filles ! madame la comtesse !

LA COMTESSE.

Nous descendons, madame.

FANCHON.

Je vole, ma mère.


Scène IV.

LE PRÉSIDENT, LA PRÉSIDENTE, MADAME LA COMTESSE,
FANCHON, LE CHEVALIER.
LA PRÉSIDENTE.

Mes filles, voici un de mes malades que je vous recommande : je veux que vous en ayez soin ce soir à souper.

FANCHON.

Ah ! ma mère, si nous en aurons soin ! il sera entre nous deux, et ce sera moi qui le servirai.

LE PRÉSIDENT.

Ce jeune gentilhomme, mes filles, est un des grands astrologues que nous ayons : ne manquez pas de lui bien faire les honneurs de la maison.

LE CHEVALIER.

Ah ! monsieur, je revois la brillante comète dont la vue est si charmante.

LE PRÉSIDENT.

J’ai beau guigner, je ne vois rien.

LE CHEVALIER.

C’est que vous ne regardez pas avec les mêmes yeux que moi.

LA PRÉSIDENTE.

Eh bien ! madame la comtesse, serez-vous toujours triste ? et ne pourrai-je point purger cette mauvaise humeur ? J’ai deux filles bien différentes. Vous diriez Démocrite et Héraclite : l’une a l’air