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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/429

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Retirez-vous : allez faire votre cour à sa toilette : je prendrai mon temps pour lui parler. Souvenez-vous de moi dans l’occasion, je vous en prie, et empêchez qu’on ne m’envoie sur mer.


Scène II.

(Le fond du théâtre s’ouvre.)


LE COMTE DES APPRÊTS paraît à sa toilette,
essayant son habit ;
SON ÉCUYER, UN TAILLEUR, UN PAGE, UN LAQUAIS ;
LA COMTESSE entre chez lui.
LE COMTE, sans l’apercevoir, parlant toujours d’un air important.

Je vous ai déjà dit, mons des Coutures, que les paniers de mes habits ne sont jamais assez amples : il faut, s’il vous plaît, les faire aussi larges que ceux des femmes, afin que l’on puisse un peu être seul dans le fond de son carrosse. Et vous, mons du Toupet, songez un peu plus à faire fuir la perruque en arrière : cela donne plus de grâce au visage, (À la comtesse.) Ah ! vous voilà, comtesse ! (À ses gens.) Hé ! un peu d’eau de miel, hé ! (À la comtesse.) Je suis fort aise de vous voir, madame. (À l’un de ses gens.) Un miroir, hé !… page, a-t-on fait porter ce vin d’Espagne chez la petite Troussé ?

LE PAGE.

Oui, monseigneur.

LA COMTESSE.

Pourrait-on avoir l’honneur de vous dire un mot, monsieur ?

LE COMTE.

Écoutez, page : était-elle éveillée, la petite ?

LE PAGE.

Non, monseigneur.

LE COMTE.

Et la grosse duchesse ?

LE PAGE.

Monseigneur, elle s’est couchée à huit heures du matin.

M. DE L’ÉTRIER.

Monseigneur, voici votre lingère, votre baigneur, votre parfumeur, votre rôtisseur, votre doreur, votre sellier, votre éperonnier, votre bijoutier, votre usurier, qui attendent dans l’antichambre, et qui demandent tous de l’argent.

LE COMTE, d’un air languissant.

Eh mais ! qu’on les jette par les fenêtres : c’est ainsi que j’en ai