Oui, seigneur, il est vrai.
Dieu juste ! heureux moments !
Ah, seigneur ! ah, Zaïre !
Approchez, mes enfants.
Moi, votre fils !
Seigneur !
Heureux jour qui m’éclaire !
Ma fille, mon cher fils ! embrassez votre père.
Que d’un bonheur si grand mon cœur se sent toucher !
De vos bras, mes enfants, je ne puis m’arracher.
Je vous revois enfin, chère et triste famille,
Mon fils, digne héritier… vous… hélas ! vous, ma fille !
Dissipez mes soupçons, ôtez-moi cette horreur,
Ce trouble qui m’accable au comble du bonheur.
Toi qui seul as conduit sa fortune et la mienne,
Mon Dieu qui me la rends, me la rends-tu chrétienne ?
Tu pleures, malheureuse, et tu baisses les yeux !
Tu te tais ! je t’entends ! ô crime ! ô justes cieux !
Je ne puis vous tromper ; sous les lois d’Orosmane…
Punissez votre fille… elle était musulmane.
Que la foudre en éclats ne tombe que sur moi !
Ah ! mon fils ! à ces mots j’eusse expiré sans toi.
Mon Dieu ! j’ai combattu soixante ans pour ta gloire ;
J’ai vu tomber ton temple et périr ta mémoire ;
Dans un cachot affreux abandonné vingt ans,
Mes larmes t’imploraient pour mes tristes enfants ;
Et lorsque ma famille est par toi réunie,
Quand je trouve une fille, elle est ton ennemie !
Je suis bien malheureux… C’est ton père, c’est moi.
C’est ma seule prison qui t’a ravi la foi.