« J’aimerai Lalagé, qui parle et rit avec tant de grâce. »
N’aimez-vous pas encore mieux la traduction de Sapho par Boileau :
Que l’on voit quelquefois doucement lui sourire,
Que l’on voit quelquefois tendrement lui parler ?
Quis desiderio sit pudor aut modus[1]
Tam cari capitis ?
Vous traduisez : « Quelle honte peut-il y avoir à pleurer un homme qui nous était si cher ? etc. »
Le mot de honte ne rend pas ici celui de pudor ; que peut-il y avoir n’est pas le style d’Horace. J’aurais peut-être mis à la place : « Peut-on rougir de regretter une tête si chère, peut-on sécher ses larmes ? »
Natis in usum lætitiæ scyphis
Pugnare Thracum est.
Vous traduisez : « C’est aux Thraces de se battre avec les verres qui ont été faits pour la joie. »
On ne buvait point dans des verres alors, et les Thraces encore moins que les Romains.
N’aurait-il pas mieux valu dire : « C’est une barbarie des Thraces d’ensanglanter des repas destinés à la joie ? »
Nunc est bibendum, nunc pede libero[2]
Pulsanda tellus.
Vous traduisez : « C’est maintenant, mes chers amis, qu’il faut boire, et que sans rien craindre il faut danser de toute sa force. »
Frapper la terre d’un pas libre en cadence, ce n’est pas danser de toute sa force. Cette expression même n’est ni agréable, ni noble, ni d’Horace.
Je saute par-dessus cent questions grammaticales que je voudrais vous faire, pour vous demander compte du vin superbe de Cécube. Vous voulez absolument qu’Horace ait dit :
Tinget pavimentum superbo[3]
Pontificum potiore cœnis.