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STYLE.

S’il est vrai que le sophiste Platon, qui se donne pour ennemi de tous les sophistes, raisonne presque toujours ainsi, qu’étaient donc ces prétendus grands hommes, et à qui ont-ils servi ?

Le grand défaut de toute la philosophie platonicienne était d’avoir pris les idées abstraites pour des choses réelles. Un homme ne peut avoir fait une belle action que parce qu’il y a un beau réellement existant, auquel cette action est conforme !

On ne peut faire aucune action sans avoir l’idée de cette action : donc ces idées existent je ne sais où, et il faut les consulter !

Dieu avait l’idée du monde avant de le former ; c’était son logos : donc le monde était la production du logos !

Que de querelles, tantôt vaines, tantôt sanglantes, cette manière d’argumenter apporta-t-elle enfin sur la terre ! Platon ne se doutait pas que sa doctrine put un jour diviser une Église qui n’était pas encore née.

Pour concevoir le juste mépris que méritent toutes ces vaines subtilités, lisez Démosthène ; voyez si dans aucune de ses harangues il emploie un seul de ces ridicules sophismes. C’est une preuve bien claire que dans les affaires sérieuses on ne faisait pas plus de cas de ces ergoteries que le conseil d’État n’en fait des thèses de théologie.

Vous ne trouverez pas un seul de ces sophismes dans les Oraisons de Cicéron. C’était un jargon de l’école, inventé pour amuser l’oisiveté : c’était le charlatanisme de l’esprit.



SOTTISE DES DEUX PARTS[1].



STYLE.


SECTION PREMIÈRE[2].


Le style des lettres de Balzac n’aurait pas été mauvais pour des oraisons funèbres ; et nous avons quelques morceaux de physique dans le goût du poëme épique et de l’ode. Il est bon que chaque chose soit à sa place.

Ce n’est pas qu’il n’y ait quelquefois un grand art, ou plutôt

  1. L’article que les éditeurs de Kehl ont placé sous ce titre dans leur Dictionnaire philosophique était un opuscule publié par Voltaire en 1728. (B.) — Voyez les Mélanges, année 1728.
  2. Dans les Questions sur l’Encylopédie, huitième partie, 1771, l’article entier se composait de la majeure partie de cette première section. (B.)