que ce Dieu n’existe pas. Songez que Newton et Locke n’ont prononcé jamais ce nom sacré sans un air de recueillement et d’adoration secrète qui a été remarqué de tout le monde.
— Pox[1] ! repartit Birton ; je me soucie bien de la mine que deux hommes ont faite. Quelle mine avait donc Newton quand il commentait l’Apocalypse ? et quelle grimace faisait Locke lorsqu’il racontait la longue conversation d’un perroquet avec le prince Maurice ? »
Alors Freind prononça ces belles paroles d’or qui se gravèrent dans mon cœur : « Oublions les rêves des grands hommes, et souvenons-nous des vérités qu’ils nous ont enseignées. » Cette réponse engagea une dispute réglée, plus intéressante que la conversation avec le bachelier de Salamanque ; je me mis dans un coin, j’écrivis en notes tout ce qui fut dit : on se rangea autour des deux combattants ; le bonhomme Parouba, son fils, et surtout sa fille, les compagnons des débauches de Jenni, écoutaient, le cou tendu, les yeux fixés ; et Jenni, la tête baissée, les deux coudes sur ses genoux, les mains sur ses yeux, semblait plongé dans la plus profonde méditation.
Voici mot à mot la dispute.
CHAPITRE VIII.
Je ne vous répéterai pas, monsieur, les arguments métaphysiques de notre célèbre Clarke. Je vous exhorte seulement à les relire ; ils sont plus faits pour vous éclairer que pour vous toucher : je ne veux vous apporter que des raisons qui peut-être parleront plus à votre cœur.
Vous me ferez plaisir ; je veux qu’on m’amuse et qu’on m’intéresse ; je hais les sophismes : les disputes métaphysiques ressemblent à des ballons remplis de vent, que les combattants se renvoient. Les vessies crèvent, l’air en sort, il ne reste rien.
Peut-être, dans les profondeurs du respectable arien Clarke,
- ↑ Espèce d’exclamation, sale et grossière, des libertins. (Note de M. Decroix.) — Voyez page 561.