Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome22.djvu/160

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Il a si bien vu la lumière qu’il a déterminé à quel point l’art de l’augmenter et d’aider nos yeux par des télescopes doit se borner.

Descartes, par une noble confiance bien pardonnable à l’ardeur que lui donnaient les commencements d’un art presque découvert par lui, Descartes espérait voir dans les astres, avec des lunettes d’approche, des objets aussi petits que ceux qu’on discerne sur la terre.

Newton a montré qu’on ne peut plus perfectionner les lunettes, à cause de la réfraction même[1], qui, en nous rapprochant les objets, écartent trop les rayons élémentaires ; il a calculé, dans ces verres, la proportion de l’écartement des rayons rouges et des rayons bleus ; et, portant démonstration dans des choses dont on ne soupçonnait pas même l’existence, il examine les inégalités que produit la figure du verre, et celle que fait la réfrangibilité. Il trouve que le verre objectif de la lunette étant convexe d’un côté et plat de l’autre, si le côté plat est tourné vers l’objet, le défaut qui vient de la construction et de la position du verre est cinq mille fois moindre que le défaut qui vient par la réfrangibilité ; et qu’ainsi ce n’est pas la figure des verres qui fait qu’on ne peut perfectionner les lunettes d’approche, mais qu’il faut s’en prendre à la matière même de la lumière.

    pores, et chaque partie de ses parties ayant les siens, il fait voir qu’on n’est point assuré qu’il y ait un pouce cubique de matière solide dans l’univers ; tant notre esprit est éloigné de concevoir ce que c’est que la matière.
    « Ayant ainsi décomposé la lumière, et ayant porté la sagacité de ses découvertes jusqu’à démontrer le moyen de connaître la couleur composée par les couleurs primitives, il fait voir que ces rayons élémentaires, séparés par le moyen du prisme, ne sont arrangés dans leur ordre que parce qu’elles sont réfractées en cet ordre même ; et c’est cette propriété, inconnue jusqu’à lui, de se rompre dans cette proportion, c’est cette réfraction inégale des rayons, ce pouvoir de réfracter le rouge moins que la couleur orangée, etc., qu’il nomme réfrangibilité.
    « Les rayons les plus réflexibles sont les plus réfrangibles ; de là il fait voir que le même pouvoir cause la réflexion et la réfraction de la lumière.
    « Tant de merveilles ne sont que le commencement de ses découvertes ; il a trouvé le secret de voir les vibrations et les secousses de la lumière, qui vont et viennent sans fin, et qui transmettent la lumière ou la réfléchissent selon l’épaisseur des parties qu’elles rencontrent ; il a osé calculer l’épaisseur des particules d’air nécessaire entre deux verres posés l’un sur l’autre, l’un plat, l’autre convexe d’un côté, pour opérer telle transmission ou réflexion, et pour faire telle ou telle couleur.
    « De toutes ces combinaisons il trouve en quelle proportion la lumière agit sur les corps et les corps agissent sur elle. »
    Quelques changements et additions furent faits en 1750. Le texte actuel est de 1752.

  1. 1734. « À cause de cette réfraction et de cette réfrangibilité même qui. »