Des débiles phosphores qui brillent dans de grands météores ; un docteur intrépide ; un océan d’écrits perfides ; des aigrefins sur le Parnasse errants[1] ; un babil qui tient la joie en échec ; une mer de langueurs, etc., etc.
Tout est plein de ces phrases barbares, dans lesquelles on sent l’effort d’un auteur qui veut suppléer par des termes singuliers à la sécheresse des idées.
Mais le défaut qu’il faut le plus soigneusement éviter, et celui qui caractérise le plus un esprit faux, c’est de commencer une phrase par une image, et de la finir par une autre image. En voici un exemple dans les Épîtres nouvelles :
De tout le vent que peut faire souiller
Dans les fourneaux d’une tête échauffée,
Fatuité sur sottise greffée[2].
Dans un autre endroit il dit : L’orgueil aveugle, présentant de perfides amorces, mine les forces par degrés d’un corps orné d’embonpoint. On ne saurait trop recommander aux jeunes gens d’éviter cet écueil. La justesse est la principale qualité qu’il faut acquérir dans l’esprit. Sapere est principium et fons[3].
La convenance des styles dépend aussi de cette justesse ; c’est en manquer que de se servir d’expressions basses ; de dire, par exemple, que la fureur d’écrire
Est une gale, un ulcère tenace,
Qui de son sang corrompt toute la masse[4].
- ↑ Les expressions qui précèdent sont dans l’Épître au P. Brumoy ; celles qui suivent sont dans l’Épître à Thalie.
- ↑ Épître au P. Brumoy, vers 69-72.
- ↑
Scribendi recte sapere est et principium et fons.
(Horace, Art poét., 309.) - ↑ Épître au P. Brumoy, 223-24.
- ↑ Les expressions signalées dans cet alinéa sont de l’Épître à Thalie.