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TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII.

L’ellipse que Vénus parcourt dans son année est moins excentrique que celle de Mercure ; on peut se former quelque idée du chemin de ces deux planètes autour du soleil par cette figure (figure 58).

Il n’est pas hors de propos de remarquer ici que Vénus et Mercure ont, par rapport à nous, des phases différentes ainsi que la lune. On reprochait autrefois à Copernic que, dans son système, ces phases devaient paraître ; et on concluait que son système était faux, parce qu’on ne les apercevait pas. Si Vénus et Mercure, lui disait-on, tournent autour du soleil, et que nous tournions dans un plus grand cercle, nous devons voir Mercure et Vénus, tantôt pleins, tantôt en croissant, etc. ; mais c’est ce que nous ne voyons jamais. C’est pourtant ce qui arrive, leur disait Copernic, et c’est ce que vous verrez, si vous trouvez jamais un moyen de perfectionner votre vue. L’invention des télescopes, et les observations de Galilée, servirent bientôt à accomplir la prédiction de Copernic. Au reste, on ne peut rien assigner sur la masse de Vénus, et sur la pesanteur des corps[1] dans cette planète[2].

  1. Ce n’est que par le calcul des perturbations, ou par le mouvement des axes des planètes (voyez chapitre v), que l’on peut connaître les masses des planètes. Par exemple, pour connaître celle de Vénus, il faudrait, après avoir conclu la proportion de la masse de la lune à celle du soleil, de la connaissance de leur action sur le mouvement de la terre, chercher l’altération produite par Vénus dans l’orbite terrestre ; et, connaissant celle que donnent les phénomènes, on aurait la masse de Vénus, en la supposant telle qu’elle doit être pour produire cette altération.

    Cette masse une fois trouvée, en comparant l’observation à la théorie pour un instant donné, la théorie donnerait les tables des perturbations causées par Vénus, et l’accord de ces tables avec les observations prouverait la vérité de la loi générale du système du monde. (K.)

  2. Les éditions de 1738 contenaient ici le passage que voici :
    LA TERRE.

    « Après Vénus est notre terre, placée à 30 millions de lieues du soleil ou environ, au moins dans sa moyenne distance.

    « Elle est à peu près 1 million de fois plus petite que le soleil : elle gravite vers lui, et tourne autour de lui dans une ellipse en 365 jours 5 heures 48 minutes, et fait au moins 180 millions de lieues par an. L’ellipse qu’elle parcourt est très-dérangée par l’action de la lune sur elle ; et tandis que le centre commun de la terre et de la lune décrit une ellipse véritable, la terre décrit en effet cette courbe à chaque lunaison (figure 59).

    « Son mouvement de rotation sur son axe, d’occident en orient, constitue son jour de 23 heures 56 minutes. Ce mouvement n’est point celui de la gravitation. Il paraît surtout impossible de recourir ici à cette raison suffisante dont parle le grand philosophe Leibnitz. Il faut absolument avouer que les planètes et le soleil pouvaient tourner d’orient en occident : donc il faut convenir que cette rotation