Mais on s’exprime toujours comme si la terre était immobile, et on retient le langage vulgaire parce que le langage de la vérité démentirait trop nos yeux, et les préjugés reçus, plus trompeurs encore que la vue.
ment que ce calcul se rapporte assez juste avec les 430,000 années de 300 jours que comptaient les Babyloniens ; on verra qu’ils commençaient ce compte précisément au point où le pôle boréal de la terre avait regardé le bélier, et au temps où la terre, dans sa course annuelle, avait été du midi au nord ; enfin, au temps que le soleil se levait et se couchait aux régions du ciel où sont aujourd’hui les pôles.
« Il y a quelque apparence que les astronomes chaldéens avaient fait la même opération, et, par conséquent, le même raisonnement que le philosophe français. Ils avaient mesuré l’obliquité de l’écliptique ; ils l’avaient trouvée décroissante, et, remontant, par leurs calculs, jusqu’à un point cardinal, ils avaient compté du point où l’écliptique et l’équateur avaient fait un angle de 90 degrés, point qu’on pourrait considérer comme le commencement, ou la fin, ou la moitié, ou le quart de cette période énorme.
« Par-là l’énigme des Égyptiens était débrouillée, le compte des Chaldéens justifié, le rapport d’Hérodote éclairci, et l’univers flatté d’un long avenir, dont la durée plaît à l’imagination des hommes, quoique cette comparaison fasse encore paraître notre vie plus courte.
« C’est peut-être cette idée qui aura fait imaginer que toute la terre avait joui autrefois d’un printemps perpétuel : car les peuples qui ont la sphère oblique devaient l’avoir eue droite par cette révolution, supposé que la terre eût existé alors.
« Petit à petit leur région s’était éloignée du soleil ; elle avait connu l’hiver et le dérangement des saisons ; elle était devenue moins féconde. Les hommes ne songeant pas que, dans ce cas, d’autres régions auraient pris la place de la leur, et que toutes les parties du globe auraient passé sous l’équateur à leur tour, imaginaient un siècle d’or, un règne des dieux, l’œuf d’Oromase, la boite de Pandore ; et d’une ancienne vérité astronomique il ne restait que des fables.
« On s’opposa beaucoup à cette découverte du chevalier de Louville, et parce qu’elle était bien étrange, et parce qu’elle ne semblait pas encore assez constatée. Un académicien avait, dans un voyage en Égypte, mesuré une pyramide ; il en avait trouvé les quatre faces exposées aux quatre points cardinaux : donc les méridiens, disait-on, n’avaient pas changé depuis tant de siècles ; donc l’obliquité de l’écliptique, qui, par sa diminution, eût dû changer tous les méridiens, n’avait pas en effet diminué. Mais ces pyramides n’étaient point une barrière invincible à ces découvertes nouvelles : car était-on bien sûr que les architectes de la pyramide ne se fussent pas trompés de quelques minutes ? La plus insensible aberration, en posant une pierre, eût suffi seule pour opérer cette erreur. D’ailleurs l’académicien n’avait-il pas négligé cette petite différence, qui peut se trouver entre les points où le soleil doit marquer les équinoxes et les solstices sur cette pyramide, supposé que rien n’ait changé, et les points où il les marque en effet ? N’aurait-il pas pu se tromper dans les fables de l’Égypte, où il opérait par pure curiosité, puisque Tycho-Brahé lui-même s’était trompé de 18 minutes dans la position de la méridienne d’Uranibourg, de sa ville du ciel, où il rapportait toutes ses observations ? Mais Tycho-Brahé s’était-il en effet trompé de 18 minutes, comme on le prétend ? Ne se pouvait-il pas encore que cette différence trouvée entre la vraie méridienne d’Uranibourg et celle de Tycho-Brahé vînt en partie du changement même du ciel, et en partie des erreurs presque inévitables commises par Tycho-Brahé et par ceux qui l’ont corrigé ? Bien plus, cette période peut s’opérer de