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DES MARÉES.

constante des eaux entre les tropiques doit encore augmenter, si cette élévation se trouve vis-à-vis quelque globe qui l’attire. Or, la région des tropiques de notre terre est toujours sous le soleil et sous la lune : donc l’élévation du soleil et de la lune doit faire quelque effet sur ces tropiques.

1° Si le soleil et la lune exercent une action sur ces eaux qui sont en ces régions, cette action doit être plus grande dans le temps où la lune se trouve plus vis-à-vis du soleil, c’est-à-dire en opposition et en conjonction, en pleine et nouvelle lune, que dans les quartiers : car dans les quartiers, étant plus oblique au soleil, elle doit agir d’un côté quand le soleil agit de l’autre : leurs actions doivent se nuire, et l’une doit diminuer l’autre ; aussi les marées sont-elles plus hautes dans les syzygies que dans les quadratures.

2° La lune étant nouvelle, se trouvant du même côté que le soleil, doit agir d’autant plus sur la terre qu’elle l’attire à peu près dans le même sens que le soleil attire. Les marées doivent donc être un peu plus fortes, toutes choses égales, dans la conjonction que dans l’opposition ; et c’est ce que l’on éprouve.

3° Les plus hautes marées de l’année doivent arriver aux équinoxes, et être plus hautes dans la nouvelle lune que dans la pleine. Tirez une ligne du soleil passant près de la lune L (figure 66), et arrivant sur l’équateur de la terre. L’équateur A Q est attiré presque dans la même ligne par ces globes ; les eaux doivent s’élever plus qu’en tout autre temps ; et comme elles ne peuvent s’élever que par degrés, leur plus grande élévation n’est pas précisément au moment de l’équinoxe, mais un jour ou deux après en D Z.

4° Si par ces lois les marées de la nouvelle lune à l’équinoxe sont les plus hautes de l’année, les marées, dans les quadratures après l’équinoxe, doivent être les plus basses de l’année : car le soleil est encore à peu près sur l’équateur, mais la lune s’en trouve alors fort loin, comme vous le voyez.

Car la lune L (figure 67), en huit jours, sera vers R. Alors il arrive à l’Océan la même chose qu’à un poids tiré par deux puissances agissant perpendiculairement à la fois sur lui, et qui n’agissent plus qu’obliquement : ces deux puissances n’ont plus la même force ; le soleil n’ajoute plus à la lune le pouvoir qu’il y ajoutait, quand la lune, la terre et le soleil, étaient presque dans la même perpendiculaire.

5° Par les mêmes lois nous devons avoir des marées plus fortes immédiatement avant l’équinoxe du printemps qu’après, et au