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CONSEILS À M. RACINE.

m. de voltaire.

Rome enfin se découvre à ses regards cruels[1] ?
Rome, jadis son temple et l’effroi des mortels ;
Rome dont le destin, dans la paix, dans la guerre,
Est d’être en tous les temps maîtresse de la terre.
Par le droit des combats[2] on la vit autrefois
Sur leurs trônes sanglants enchaîner tous les rois ;
L’univers fléchissait sous son aigle terrible :
Elle exerce en nos jours un pouvoir plus paisible ;
On la voit sous son joug asservir ses vainqueurs.
Gouverner les esprits, ei commander aux cœurs ;
Ses avis sont ses lois, ses décrets sont ses armes, etc.

m. racine.

Cette ville autrefois maîtresse de la terre,
Rome qui, par le fer et le droit de la guerre,
Commandait autrefois à toute nation,
Rome commande encor par la religion.
Avec plus de douceur, et non moins d’étendue,
Son empire établi frappe d’abord ma vue.
Des peuples, de son sein par l’orage écartés.
Contre son Dieu du moins ne sont pas révoltés ;
Tout le Nord est chrétien, tout l’Orient encore, etc.

(Ch. III, 1-9.)
m. de voltaire.

Tu n’as pas oublié ces sacrés homicides
Qu’à tes indignes dieux présentaient tes druides.

(Henriade, ch. V, 97-98.)
m. racine.

Les Gaulois détestant les honneurs homicides
Qu’offre à leurs dieux cruels le fer de leurs druides.

(Ch. IV, 251-52.)
m. de voltaire.

Le crime a ses héros, l’erreur a ses martyrs, etc.

(Henriade, ch. V, 100.)
m. racine.

L’erreur a ses martyrs ; le bonze follement, etc.

(Ch. IV, 314.)
m. de voltaire.

Sur les pompeux débris de Bellone et de Mars,
Un pontife est assis au trône des Césars.
Des prêtres fortunés foulent d’un pied tranquille
Le tombeau des Catons, et la cendre d’Émile.

  1. Henriade, IV, 169-79.
  2. Toutes les éditions de la Henriade portent : « Par le sort des combats. » (B.)