Le trône est sur l’autel, et l’absolu pouvoir
Met dans les mêmes mains le sceptre et l’encensoir.
Terrible par ses clefs et son glaive invisible,
Tranquillement assis dans un palais paisible,
Par l’anneau du pêcheur[1] autorisant ses lois,
Au rang de ses enfants un prêtre met nos rois.
Vous dont la main savante et l’exacte mesure[2]
De la terre étonnée ont fixé la figure,
Dévoilez les ressorts qui font la pesanteur ;
Vous connaissez les lois qu’établit son auteur ;
Parlez, enseignez-moi comment ses mains fécondes
Font tourner tant de cieux, graviter tant de mondes
Vous ne le savez point, etc.
Vous que de l’univers l’architecte suprême
Eût pu charger du soin de l’éclairer lui-même.
Des travaux qu’avec vous je ne puis partager,
Si j’ose vous distraire et vous interroger.
Dites-moi quel attrait à la terre rappelle
Ce corps que dans les airs il lance si loin d’elle
La pesanteur… déjà ce mot vous trouble tous.
Vers un centre commun tout gravite à la fois.
Vers un centre commun tous pèsent à la fois.
Et périsse à jamais l’affreuse politique
Qui prétend sur les cœurs un pouvoir despotique ;
Qui veut le fer en main convertir les mortels ;
Qui du sang hérétique arrose les autels,
Et, suivant un faux zélé ou l’intérêt pour guides,
Ne sert un Dieu de paix que par des homicides !
- ↑ Le texte de Racine porte : « Par l’anneau d’un pêcheur. »
- ↑ En citant ce vers, Voltaire en a changé le premier hémistiche ; voyez,
tome IX, le texte et les variantes du quatrième Discours sur l’Homme.