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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome23.djvu/366

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COMPARAISONS.

dirait qu’ils sont épuisés, et cependant on voit encore des tours nouveaux ; quelquefois même il y a de la nouveauté jusque dans le fond des choses, comme dans cette chanson peu connue, mais qui me paraît fort digne de l’être par les lecteurs qui sont sensibles à la délicatesse :

Oiseaux, si tous les ans vous changez de climats
Dès que le triste hiver dépouille nos bocages,
Ce n’est pas seulement pour changer de feuillages,
               Ni pour éviter nos frimas ;
                     Mais votre destinée
Ne vous permet d’aimer qu’à la saison des fleurs ;
Et quand elle a passé, vous la cherchiez ailleurs,
               Afin d’aimer toute l’année.

Pour bien réussir à ces petits ouvrages, il faut dans l’esprit de la finesse et du sentiment, avoir de l’harmonie dans la tête, ne point trop s’élever, ne point trop s’abaisser, et savoir n’être point trop long,


In tenui labor.

(Georg., IV, 6.)



COMPARAISONS.

Les comparaisons ne paraissent à leur place que dans le poëme épique et dans l’ode. C’est là qu’un grand poëte peut déployer toutes les richesses de l’imagination, et donner aux objets qu’il peint un nouveau prix par la ressemblance d’autres objets. C’est multiplier aux yeux des lecteurs les images qu’on leur présente. Mais il ne faut pas que ces figures soient trop prodiguées. C’est alors une intempérance vicieuse, qui marque trop d’envie de paraître, et qui dégoûte et lasse le lecteur. On aime à s’arrêter dans une promenade pour cueillir des fleurs ; mais on ne veut pas se baisser à tout moment pour en ramasser.

Les comparaisons sont fréquentes dans Homère. Elles sont pour la plupart fort simples, et ne sont relevées que par la richesse de la diction. L’auteur de Télémaque, venu dans un temps plus raffiné, et écrivant pour des esprits plus exercés, devait, à ce que je crois, chercher à embellir son ouvrage par des comparaisons moins communes. On ne voit chez lui que des princes comparés à des bergers, à des taureaux, à des lions, à des loups avides de carnage. En un mot, ses comparaisons sont triviales ; et, comme