Vint d’un cœur qui, séduit par tes patelinages,
Crut trouver un ami dans un parfait vaurien,
Charme des fous, horreur des sages,
Quand pour lui mon esprit aveuglé, j’en convien,
Hasardait pour toi ses suffrages ;
Mais je ne me reproche rien
Que d’avoir sali quelques pages
D’un nom aussi vil que le tien[1].
Il cite un autre morceau de prose de Rousseau, une lettre du 14 novembre 1738, dans laquelle le sieur Rousseau dit qu’on attend le dernier coup de foudre qui doit écraser le sieur de Voltaire. C’est avec de telles armes que le sieur Desfontaines veut soutenir cette triste guerre, où la victoire même serait un opprobre pour l’agresseur.
Non, nous ne croirons jamais que le sieur Rousseau, dans le temps même qu’il vient d’essayer, après trente années, de fléchir la justice, d’apaiser et sa partie civile, et le procureur général, et le parlement, et le public ; tandis qu’il veut mettre le rempart de la religion entre ses fautes passées et son danger présent, puisse exposer à ce public qu’il veut apaiser, et de nouvelles satires, et de nouvelles iniquités qui le révoltent. Que penserait-on de celui avec qui vous vous êtes ligué depuis si longtemps, s’il trempait dans le fiel le plus amer des mains affaiblies qu’il joint tous les jours au pied des autels ?
Continuez : remettez-nous sous les yeux les horreurs que le sieur Rousseau (avant sa conversion sans doute) a fait imprimer contre le sieur de Voltaire, pendant tant d’années en Hollande ; rappelez surtout le libelle diffamatoire qu’il a publié, en dernier lieu, dans le journal de la Bibliothèque française[2], et qui pourrait être, ainsi que le vôtre, la source d’un procès criminel aussi funeste que celui qui lui attira la condamnation du parlement. Nous n’imprimerons point ici les pièces originales que nous avons ; nous ne publierons point encore les remords de ceux qui ont eu part à ces libelles ; nous réservons, en cas de besoin, ces productions pour les tribunaux de la justice. Ne présentons ici que ces faits, qui ne demandent qu’un coup d’œil pour être jugés sans retour par le public. Le sieur Rousseau imprime que la
- ↑ Cette épigramme, rapportée aussi dans le Mémoire sur la Satire, n’est pas dans les Œuvres de J.-B. Rousseau. (B.)
- ↑ C’est la lettre de Rousseau, du 22 mai 1736, imprimée dans la Bibliothèque française, tome XXIII, page 138, et qui fit naître la lettre de Voltaire, du 20 septembre 1736 ; voyez la Correspondance.