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DE LENCLOS.

le roi lui donnera une abbaye ; mais s’il ne fait fortune que par mon âme, il court risque de mourir sans bénéfice. »

On a peu de lettres d’elle. Il y en a deux ou trois d’imprimées dans le recueil de Saint-Évremond. L’abbé de Châteauneuf en avait beaucoup ; mais en mourant il a brûlé tous ses papiers.

Quelqu’un a imprimé[1], il y a deux ans, des Lettres sous le nom de Mlle de Lenclos, à peu près comme dans ce pays-ci on vend du vin d’Orléans pour du Bourgogne. Si elle avait eu le malheur d’écrire ces Lettres, vous ne m’en auriez pas demandé une sur ce qui la regarde.

Au reste, j’apprends que l’on vient d’imprimer deux nouveaux Mémoires[2] sur la vie de cette philosophe. Si cette mode continue, il y aura bientôt autant d’histoires de Ninon que de Louis XIV. Je souhaite que ces Mémoires soient plus instructifs et plus édifiants que ceux que je viens de vous donner.

Dites, avec moi, un petit De profundis pour elle. J’ai l’honneur d’être, etc.

FIN DE LA LETTRE.
  1. Louis Damours, avocat, né à Angers, mort en 1788, est auteur des Lettres de Ninon de Lenclos au marquis de Sévigné, 1750, in-12 ; 1752, deux volumes in-12, plusieurs fois réimprimés.
  2. Mémoires sur la vie de Ninon de Lenclos (par Bret), 1750, in-12 ; et Mémoires et Lettres pour servir à l’histoire de la vie de mademoiselle de Lenclos (par Douxmenil), 1751, in-12.