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208 APPEL A TOUTES LES NATIONS

que j'ai mérité ; je t'avais outragé, je meurs de ta maiu, tu es veDgé, » Il tombe expirant entre son frère et Monime. Cette mal- heureuse femme s'est empoisonnée ; elle tombe morte à côté de Polidore. Le vieux père arrive , il est témoin de cet horrible spectacle. Castalio recommande à Chamont sa sœur Serine, dont il a été peu question jusqu'à ce moment, et il se tue aux yeux de son vieux père, qui a déjà eu deux accès de faiblesse dans la pièce, et qui ne la fera pas longue ^ ]

COURTES RÉFLEXIONS.

Nous sentons combien la Monime de Racine, dans Mithridate, est au-dessous de la Monime de M. Thomas Otwai; c'est le même qui fit Yenise préservée. Il est désagréable qu'on ne nous ait pas traduit fidèlement cette Venise- ; on nous a privés d'un sénateur qui mord les jambes de sa maîtresse, qui fait le chien, qui aboie, et qu'on chasse à coups de fouet ; nous aurions encore eu le plaisir de voir un écbafaud, une roue, un prêtre qui veut exhorter à la mort le capitaine Pierre, et qu'on renvoie comme un gueux ; il y a mille autres traits de cette force, que le traducteur a épargnés à notre fausse délicatesse.

Nous ne pouvons trop nous plaindre que le traducteur nous ait privés, avec la même cruauté, des plus belles scènes deVOthello de Shakespeare ^ Avec quel plaisir nous aurions vu la première scène à Venise, et la dernière en Chypre! Ln Maure enlève d'abord la fille d'un sénateur. Jago, officier du Maure, court sous la fenêtre du père ; le père parait en chemise à cette fenêtre.

(c Tête-bleu, dit Jago, mettez votre robe; un bélier noir monte sur votre brebis blanche ; allons, allons, debout, descendez, ou le diable va faire de vous un grand-père!

1. Cu ([u'on vient do lire entre deux crochets fut, en lïOi, remplacé par l'alinéa que voici :

« Si un tel sujet, de tels discours, et do telles mœurs, révoltent les gens de goût dans toute l'Europe, ils doivent pardonner à l'auteur. Il ne se doutait pas qu'il eût rien fait de monstrueux. Il dédia sa pièce à la duchesse de Cléveland avec la même naïveté qu'il a écrit sa tragédie : il félicite cette dame d'avoir eu deux enfants de Charles second. »

Immédiatement après ce passage venaient les Courtes RélJexiotis. (B.)

2. Le Tltéâlre anglais, ou Choix de plusieurs tragédies, traduites par M. de La Place, 17iG, huit volumes in-12. Le traducteur a fait beaucoup de suppres- sions.

3. L'Olhello se trouve dans le Théâtre anglais cité en la note précédente. Une traduction comj)lètc fait partie de la traduction des OlHuvres de Shakespeare, qui n'a paru (pTen I77G et années suivantes.

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