Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome24.djvu/297

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elle m’aurait appris à réussir dans les ouvrages convenables à mon sexe ; mais, née pour vivre dans la société, elle m’a fait instruire de bonne heure dans tout ce qui regarde la société ; elle a formé mon esprit, en me faisant craindre les écueils du bel esprit ; elle m’a menée à tous les spectacles choisis qui peuvent inspirer le goût sans corrompre les mœurs, où l’on étale encore plus les dangers des passions que leurs charmes, où la bienséance règne, où l’on apprend à penser et à s’exprimer. La tragédie m’a paru souvent l’école de la grandeur d’âme ; la comédie, l’école des bienséances ; et j’ose dire que ces instructions, qu’on ne regarde que comme des amusements, m’ont été plus utiles que les livres. Enfin, ma mère m’a toujours regardée comme un être pensant dont il fallait cultiver l’âme, et non comme une poupée qu’on ajuste, qu’on montre, et qu’on renferme le moment d’après.


FIN DE L’ÉDUCATION DES FILLES.