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venu racheter au prix de son sang, et qu’il devait sanctifier par sa grâce! Quelle pitoyable contradiction !

CHAPITRE IV.

TROISIÈME PREtVE DE LA FALSSETÉ DE LA RELIGION, TIRÉE DES PRÉTENDUES VISIONS ET RÉVÉLATIONS DIVINES.

Venons aux prétendues visions et révélations divines, sur lesquelles nos christicoles fondent et établissent la vérité et la certitude de leur religion.

Pour en donner une juste idée, je ne crois pas qu’on puisse mieux faire que de dire en général qu’elles sont telles que si quelqu’un osait maintenant se vanter d’en avoir de semblables, et qu’il voulût s’en prévaloir, on le regarderait infailliblement comme un fou, un fanatique.

Voici quelles furent ces prétendues visions et révélations divines.

Dieu, disent les prétendus saints livres, s’étant pour la première fois apparu à Abraham, lui dit^: « Sortez de votre pays (il était alors en Chaldée), quittez la maison de votre père, et allez-vous-en au pays que je vous montrerai. » Cet Abraham y étant allé. Dieu, dit l’histoire, Gen. xii, 7, s’apparut une seconde fois à lui, et lui dit: « Je donnerai tout ce pays-ci où vous êtes à votre postérité. » En reconnaissance de cette gracieuse promesse, Abraham lui dressa un autel.

Après la mort d’Isaac, son fils Jacob allant un jour en Mésopotamie pour chercher une femme qui lui fût convenable, ayant marché tout le jour, se sentant fatigué du chemin, il voulut se reposer sur le soir; couché par terre, sa tête appuyée sur quelques pierres pour s’y reposer, il s’endormit, et pendant son sommeil il vit en songe une échelle dressée de la terre à l’extrémité du ciel, et il lui semblait voir les anges monter et descendre par cette échelle, et qu’il voyait Dieu lui-même s’appuyer sur le plus haut bout, lui disant : « Je suis le Seigneur, le Dieu d’Abraham et le Dieu d’Isaac votre père; je vous donnerai, à vous et à votre postérité, tout le pays où vous dormez; elle sera aussi nombreuse que la poussière de la terre ; elle s’étendra depuis l’orient jusqu’à

1. Genèse, xii, 1.

2. Ibid., xwiii, l.’{, l’f, 15.