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346 ÉLOGE

��IDOMÉNÉE.

Cette tragédie eut treize représentations. On jouait alors les pièces nouvelles plus longtemps qu'aujourd'hui, parce qu'alors le public n'était point partagé entre plusieurs spectacles, tels que la Comédie italienne et la Foire ^ : il fallait environ vingt repré- sentations pour constater le succès passager d'une nouveauté. Aujourd'hui on regarde une douzaine de représentations comme un succès assez rare, soit que l'on commence à être rassasié de tragédies, dans lesquelles on a vu si souvent des déclarations d'amour, des jalousies et des meurtres; soit parce que nous n'a- vons plus de ces acteurs dont la voix noble comme celle de Baron, terrible comme celle deBaubourg, touchante comme celle de Dufresne, subjugue l'attention du public; soit qu'enfin la mul- titude des spectacles- fasse tort au théâtre le plus estimé de l'Europe,

On trouva quelques beautés dans VIdoméncc, mais elle n'est point restée au théâtre; l'intrigue en était faible et commune, la diction lâche, et toute l'économie de la pièce trop moulée sur ce grand nombre de tragédies languissantes qui ont paru sur la scène, et qui ont disparu.

��ATBÉE.

En 1707 il donna Atrèc, qui eut beaucoup plus de succès. On la joua dix-huit fois. Elle avait un caractère plus fier et plus ori- ginal. Le cinquième acte parut trop horrible. Il ne l'est cependant pas plus que le cinquième de Rodogune, car certainement Cléo- pâtre, en assassinant un de ses fils et en présentant du poison à l'autre, n'ayant â se plaindre d'aucun des deux, commet une action bien plus atroce que celle d'Atrée, h qui son frère a enlevé sa femme. Ce n'est donc point parce que la coupe pleine de sang est une chose horrible qu'on ne joue plus cette pièce : au contraire.

��1. Les comùdiens italiens, congédiés en 1697, ne furent rappelés qu'en 11U> Le théâtre de la Foire, en 1705, no pouvait jouer de Comédies par diohyues. On imagina do jouer des scènes isolées; cela fut encore défendu. (B.)

2. Les spectacles existants en 17t)2 étaient l'Opéra, les Français, les Italiens et l'Opéra-Coniique réunis au commencement de 17(i2,le théâtre dcNicolet,et quel- ques autres spectacles forains.

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