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larité de sa taille, était le singe; Danchet, d'une assez haute sta- ture, était le chameau ; Fontenelle, par allusion à sa conduite adroite, était le renard. Cette satire manquait de grùce et de sel. Il la récitait volontiers chez Oghières ^ mais je ne crois pas qu'elle ait jamais été imprimée.

Il fit aussi cette épigramme contre Rousseau, qui sollicitait la place de l'Académie :

Quand |)oiI de Roux faisant la quarantaine, De ses poisons le Louvre infectera, En tel mépris cettui corps tombera Que Pellegrin y entrera sans peine.

Ce Pellegrin avait fait plusieurs pièces de théâtre avec quel- ques succès passagers. Deux prix remportés à l'Académie sem- blaient le mettre à portée de prétendre à cette place.

Pour Rousseau, il n'était encore connu que par quelques odes approuvées par des connaisseurs, et par quelques épigrammes. La carrière du théâtre est infiniment plus difficile à remplir. Sa comédie du Caft et celle du Taj^r/c/ewa' avaient été très-mal reçues; celle du Flatteur éXdAi froide, et n'eut qu'un succès très-médiocre. Ses opéras étaient encore plus mauvais. D'ailleurs son caractère lui ayant fait beaucoup d'ennemis, Lamotte eut la place ^ et Rousseau n'eut que deux voix pour lui.

Tout cela excita la bile de Rousseau, qui fit une satire inti- tulée ÈpUre à Marot, dans laquelle on trouve de très-jolis vers parmi beaucoup d'autres qui ne sont que bizarres, et qui sont remplis d'injures grossières et de termes hasardés et impropres. Il traite tous ceux qui allaient au café, de maroufles, et il parle ainsi de Grébillon :

Comment nommer ce froid énergumène Qui, d'Hélicon chassé par Melpomène, Mo défigure en ses vers ostrogots, Comme il a fait rois et princes d'Argos?

Après cette satire, Rousseau n'osajplus remettre les pieds au café de la Laurent, où tous les gens de lettres qu'il avait outragés s'assemblaient. Chacun d'eux l'accabla^d'épigrammes et de chau-

��1. Banquipr dont il ost parir \t\\\w II du Théâtre, pugo 7S.

2. La place vacante était celle de Th. Corneille, mort le 8 décembre 170",*. Lamotte fut reçu à l'Académie IVancjaise le 10 février 1710.

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