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HISTOIRE

D'ELISABETH CANNING

��ET DES CALAS

��D'ELISABETH CANNING.

J'étais à Londres, en 1753-, quand l'aventure de la jeune Eli- sabeth Canniug fit tant de bruit. Elisabeth avait disparu pendant un mois de la maison de ses parents; elle revint maigre, défaite, et n'ayant que des habits délabrés. « Hé, mon Dieu ! dans quel état vous revenez ! où avez-vous été? d'où venez-vous? que vous est-il arrivé? — Hélas! ma tante, je passais par Moorfields pour retour- ner à la maison, lorsque deux bandits vigoureux me jetèrent par terre, me volèrent, et m'emmenèrent dans une maison à dix milles de Londres, n

La tante et les voisines pleurèrent à ce récit, a Ah ! ma chère enfant, n'est-ce pas chez cette infâme M'"^ Web que ces brigands vous ont menée ? Car c'est juste à dix milles d'ici qu'elle demeure. — Oui ma tante, chez J/"*^ Web. — Dans cette grande maison à droite? — Justement, ma tante. » Les voisines dépeignirent alors M™* Web ; et la jeune Canning convint que cette femme était faite précisément comme elles le disaient. L'une d'elles apprend à miss Canning qu'on joue toute la nuit chez cette femme, et que c'est un coupe-gorge où tous les jeunes gens vont perdre leur argent. Ah! un vrai coupe-gorge, répondit Elisabeth Canning. « On y fait bien pis, dit une autre voisine : ces deux brigands, qui sont cou- sins de M""' Web, vont sur les grands chemins prendre toutes les

��1. L"écliiioii originale, qui a vingt et une pages in-8", doit être du mois d'au- suste 17G2. Le margrave de Bade-Dourlac en accusa réception le '24 de ce mois. (B.)

2. Voltaire n'était pas à Londres alors, mais il veut avoir Tautorité d'un lémoin oculaire pour se faire mieux écouter. (G. A.)

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