Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome24.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plusieurs terrains qui leur sont attachés, il est contradictoire qu’un seul homme soit le maître de ces maisons et de ces terrains ; et il est dans la nature que chaque maître ait sa voix pour le bien de la société.

XLIV.

Ceux qui n’ont ni terrain ni maison dans cette société doivent-ils y avoir leur voix ? Ils n’en ont pas plus le droit qu’un commis payé par des marchands n’en aurait à régler leur commerce ; mais ils peuvent être associés, soit pour avoir rendu des services, soit pour avoir payé leur association.

XLV.

Ce pays, gouverné en commun, doit être plus riche et plus peuplé que s’il était gouverné par un maître : car chacun, dans une vraie république, étant sûr de la propriété de ses biens et de sa personne, travaille pour soi-même avec confiance ; et, en améliorant sa condition, il améliore celle du public. Il peut arriver le contraire sous un maître. Un homme est quelquefois tout étonné d’entendre dire que ni sa personne ni ses biens ne lui appartiennent.

XLVI.

Une république protestante doit être d’un douzième plus riche, plus industrieuse, plus peuplée qu’une papiste, en supposant le terrain égal, et également bon, par la raison qu’il y a trente fêtes dans un pays papiste, qui composent trente jours d’oisiveté et de débauches ; et trente jours sont la douzième partie de l’année. Si dans ce pays papiste il y a un douzième de prêtres, d’apprentis prêtres, de moines, et de religieuses, comme à Cologne, il est clair qu’un pays protestant, de même étendue, doit être plus peuplé encore d’un douzième.

XLVII.

Les registres de la chambre des comptes des Pays-Bas, qui sont actuellement à Lille, déposent que Philippe II ne tirait pas quatre-vingt mille écus des sept Provinces-Unies ; et par un relevé des revenus de la seule province de Hollande, fait en 1700, ses revenus montaient à vingt-deux millions deux cent quarante et un mille trois cent trente-neuf florins, qui font en argent de France quarante-six millions sept cent six mille huit cent onze livres dix-huit sous. C’est à peu près ce que possédait le roi d’Espagne au commencement du siècle.