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476 CONCLUSION ET EXAMEN

Un autre insensé * vient d'écrire que la Saint-Bartliélemy n'avait point été préméditée; il en excuse les fureurs; il célèbre les cruautés exercées contre les Albigeois. Le supplice de Jean Hus et de Jérôme de Prague lui paraît juste. Mais cet excès de dé- mence sert même à prouver ce qu'on dit dans cette histoire, que la raison humaine s'est perfectionnée de nos jours chez les hommes qui réfléchissent : car il y a cent ans que de tels auteurs auraient pu être regardés comme pieux et zélés ; aujourd'hui ils inspirent le mépris et l'horreur.

II. -r EXAMEN DE Ql'ELQlîES FAITS RAPPORTÉS DANS CETTE HISTOIRE.

- Il est impossible que, dans une histoire si étendue, il n'y ait des fautes, qu'on ne se soit trompé sur quelques dates, qu'on n'ait altéré quelques noms et même quelques circonstances ; mais on ose répondre que tous les faits principaux sont vrais. On ne s'est attaché qu'aux grands événements, et quand il y en a de petits, c'est qu'ils caractérisent les mœurs qu'on a voulu peindre.

Il y a plusieurs points d'histoire contestés, surtout dans le moyen âge : qu'a-t-on pu faire de mieux que de prendre lé parti le plus raisonnable?

EXAMEN DE LA DONATION DE PEPIN.

Par exemple, Éginhard, secrétaire de Charlemagne, rapporte que Pépin offrit l'exarchat à saijit Pierre ; mais Charlemagne, dans son testament, fait des présents à ses villes de Rome et de Ravenne : donc, puisque Rome et Ravenne étaient ses villes, le pape n'en était pas souverain ; donc il ne faut entendre par ces mots il offrit à saint Pierre qu'une cérémonie de religion, une oblation pieuse, qui d'ailleurs ne pouvait conférer aucun droit, puisque Pépin n'en avait aucun sur l'exarchat.

Devant quel tribunal de justice pourrait-on dire : Cela est à moi, car je le tiens de celui à qui il n'appartenait pas? Ce n'est certainement ni devant le tribunal des hommes, ni devant celui de Dieu. Après tout, c'est une dispute bien vaine : car ce n'est pas sur cette donation, dont le titre original n'a jamais paru, que la

1. L'abbé de Cavcyrac avait publié: Apologie de Louis XIV et de son conseil sur la révocation de l'édit de ]\antes, etc., avec une Dissertation sur la journée de la Saint-Barthélemij, 17ô8, iii-8".

2. Cet alinéa et son sommaire n'avaient pas été reproduits dans les éditions de Kehl.

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