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ÉCLAIRCISSEMENTS
HISTORIQUES[1]
À l’occasion d’un libelle calomnieux
contre l’Essai sur les mœurs et l’Esprit des nations
,
PAR M. DAMILAVILLE.
__________


S’il s’agit de goût, on ne doit répondre à personne, par la raison qu’il ne faut pas disputer des goûts ; mais est-il question d’histoire, s’agit-il de discuter des faits intéressants, on peut répondre au dernier des barbouilleurs, parce que l’intérêt de la vérité doit l’emporter sur le mépris des libelles. Ceci sera donc un procès par-devant le petit nombre de ceux qui étudient l’histoire et qui doivent juger[2].

Un ex-jésuite, nommé Nonotte, savant comme un prédicateur, et poli comme un homme de collège, s’avisa d’imprimer un gros livre intitulé les Erreurs de l’auteur de l’Essai sur les Mœurs et l’Es-

  1. Ces Éclaircissements, dont Voltaire parle dans sa lettre à d’Alembert, du 28 novembre 1762, parurent, en 1763, dans le tome VIII de la réimpression de l’Essai sur l’Histoire générale, devenu depuis, comme je l’ai déjà dit, l’Essai sur les Mœurs : ils étaient alors sans nom d’auteur. Ils n’en ont point encore dans l’édition de 1769 in-4o, tome X. Ce fut dans cette édition de 1769 que furent numérotés les paragraphes des Éclaircissements. Voltaire les donna sous le nom de Damilaville, en les faisant réimprimer dans son ouvrage intitulé Un Chrétien contre six Juifs. Toutefois les Additions, qui datent aussi de 1763, sont réellement de Damilaville (voyez page 515). Le libelle contre lequel sont dirigés les Éclaircissements est le livre de Nonotte ayant pour titre : les Erreurs de M. de Voltaire, dont la première édition est de 1762, deux volumes in-12. (B.)
  2. Dans les premières éditions on lisait ici le passage suivant :

    « Il ne sera pas d’abord inutile de leur dire qu’un prétendu docteur Nonotte, ayant été choisi pour combattre des vérités qui se trouvent dans l’Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations, composa son libelle en hâte, le fit imprimer chez le libraire Fez, à Avignon ; qu’ensuite, se doutant bien que son libelle n’aurait pas grand débit, il fit proposer, par ce libraire Fez, à l’auteur de l’Essai sur les Mœurs de lui vendre toute l’édition du libelle pour mille écus ; on se moqua un peu de la proposition. Le lecteur verra si ce n’était pas trop payer ; mais il n’est pas question de rire, tâchons d’instruire.

    Première calomnie du libelle.

    « Le libelliste accuse, etc. » (K.)

    — Dans les premières éditions des éclaircissements, au lieu de l’intitulé de Première sottise, IIe sottise, etc., on lisait Première calomnie du libelle, petite témérité du libelle, etc. La lettre de Fez est, plus loin, dans la xxie des Honnêtetés littéraires. (B.)