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PRÉFACE.

cette infamie, il composa vite un autre libelle diffamatoire pour subsister pendant quelques semaines. Un autre, voyant que le Siècle de Louis XIV se débite dans l’Europe avec succès, et que les libraires que j’en ai gratifiés vont trouvé leur compte, se hâte d’y ajouter un nouveau volume qui n’y a aucun rapport. Il ramasse quelques lettres de Bolingbroke sur l’histoire générale ; il y mêle quelques pièces obscures qu’il a ramassées dans la fange ; il intitule cette rapsodie Troisième[1] Volume du Siècle de Louis XIV ; les ignorants l’achètent, et l’éditeur jouit quelques mois du fruit de sa prévarication.

Un autre avait, je ne sais comment, entre les mains un manuscrit informe et pitoyable d’une petite partie de mon Histoire universelle ; il le vend quelques florins, comme on l’a déjà dit, à un libraire de la Haye[2] qui se hâte de l’imprimer sans m’en avertir.

Dans le Siècle de Louis XIV, à l’article des écrivains, dont plusieurs ont honoré ces temps célèbres et dont d’autres ont été si indignes, j’ai dit[3] que la Hollande a été infectée de vils auteurs qui ont fait des libelles contre leur patrie, contre des souverains qui dédaignent de se venger, contre des citoyens qui ne le peuvent. J’ai dit que leurs imitateurs s’attirent l’exécration publique ; cette juste remarque soulève ces imitateurs, et, au lieu de se corriger, ils entassent petits libelles sur petits libelles, qui restent comme eux dans la poussière et dans l’oubli. Ces vers de terre qui se mettent dans la littérature et qui la rongent, mais qu’on secoue et qu’on écrase, ne peuvent ni ternir le lustre, ni diminuer la solidité des sciences.

FIN DE LA PRÉFACE.

    grands chemins. (Note de l’éditeur.) — Cette note fut ajoutée, et ne se trouve que dans l’édition de Dresde, 1754-58, dont j’ai parlé dans mon Avertissement en tête de l’Essai sur les Mœurs. Je n’ai pas osé la mettre sur le compte de Voltaire. Ce qu’on y dit se trouvait déjà en grande partie dans le Supplément au Siècle de Louis XIV. (B.) — Voyez tome XV.

  1. Je crois que Voltaire veut parler du volume intitulé le Siècle politique de Louis XIV ; etc., à Sieclopolis, 1753, petit in-8o sur le faux-titre duquel on lit : Nouveau Volume du Siècle de Louis XIV, pour suppléer à ce qui manque à cet ouvrage de M. de Voltaire. (B.) — L’éditeur de ce volume fut Maubert de Gouvest, qui, sous le titre d’Introduction, première lettre, et deuxième lettre, a reproduit la fin de la sixième lettre, et les septième et huitième lettres de Bolingbroke, précédées de Remarques, dans lesquelles se trouvent les reproches auxquels Voltaire a répondu pages 47 et 48.
  2. Néaulme.
  3. Article Courtilz de Sandras.