neur, signent la même déclaration, et voilà qu’un homme qui n’ose pas signer son nom s’élève contre tous ces témoignages[1]. Je ne veux pas, dit-il, que vous rendiez la paix à des cœurs affligés ; en vain tous vos témoignages sont authentiques ; je veux, par un libelle sans nom, déchirer pieusement ceux que vous avez généreusement consolés.
N’est-on pas en droit de dire à ce fanatique menteur : Par quelle cruauté inouïe venez-vous sans mission, sans titre, sans raison, persécuter la mémoire d’un sage que vous n’avez point connu, et du fond de votre petit pays, encore barbare, poursuivre ses enfants, que vous ne connaissez pas[2] ? Montrez des preuves, ou faites amende honorable. Un accusateur doit avoir ses preuves en main ; et quand il les a, il est odieux. S’il ne les a pas, il est
- ↑ Ces pasteurs se sont attiré une affaire très-grave pour avoir signé suivant leur conscience : tant le célèbre anatomiste Haller avait mis l’intolérance à la mode dans le canton de Berne ! (K.)
- ↑ Dans l’édition de 1758, la réfutation se terminait ainsi :
«… que vous ne connaissez pas ? Vous affectez, par les suppositions les plus ridicules, de douter du témoignage favorable et nécessaire dont nous avons l’original entre les mains ; avez-vous l’original de la lettre qu’on impute à l’infortuné dont nous tenons la vie ? Celui qui a été son seigneur ne l’a pas vu. Le doyen des pasteurs, âgé de soixante et dix ans, ne l’a pas vu ; montrez-le, ou faites-nous amende honorable. Apprenez qu’un accusateur doit avoir ses preuves en main, et, quand il les a, il est odieux ; quand il ne les a pas, il est calomniateur.
« Voilà ce que dira sans doute cette famille si indignement attaquée. Tous les honnêtes gens ajouteront : Par quel excès incompréhensible avez-vous pu vous laisser emporter jusqu’à taxer de déisme et d’athéisme le service charitable rendu à la mémoire d’un mort, et à la réputation de ses enfants ? Sentez-vous toute l’absurdité et toute l’horreur de ce raisonnement ? Un homme donne un secours nécessaire à une famille persécutée ; donc il est déiste et athée ! Quoi ! vous qui ne songez qu’à nuire, vous appelez athée celui qui ne songe qu’à servir ! Vous qui croyez faire des syllogismes, vous confondez ceux qui adorent la Divinité avec ceux qui la nient ; et, ne connaissant ni la force des termes, ni les bienséances, ni les hommes dont vous osez parler, ni les lois qui peuvent vous punir, vous couvrez du nom de zèle la témérité barbare de vos ouvrages !
« C’est ainsi que vous parlent les plus modérés ; mais celui que vous avez voulu offenser vous tiendra un autre langage. Il est content d’avoir rempli son devoir ; il vous pardonne, vous plaint, et vous exhorte à vous repentir.
« Nous n’avons que deux jours à vivre sur la terre : Dieu ne veut pas que ses enfants consument ces deux jours à se tourmenter impitoyablement les uns les autres. Nous sommes prêts de paraître, vous et moi, devant son tribunal ; j’espère que je n’y tremblerai pas d’avoir secouru mes frères, et qu’il vous pardonnera, à vous, quand vous aurez gémi de leur avoir mis le couteau dans le cœur, et d’avoir déchiré leurs blessures.
« P. S. L’auteur de cette déclaration n’a répondu au libelle anonyme inséré dans le Journal helvétique que parce qu’il s’agit de défendre l’honneur d’une famille. On lui a dit qu’il y a d’autres articles personnels contre lui insérés dans