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LETTRE D’UN QUAKER[1]


À JEAN-GEORGE


LEFRANC DE POMPIGNAN


ÉVÈQUE DU PUY EN VELAY, ETC., ETC.,
DIGNE FRÈRE DE SIMON LEFRANC DE POMPIGNAN.
(1763)




Ami Jean-George,

Je suis venu de Philadelphie en la ville de Paris pour recueillir trois millions cinq cent mille livres que les fermiers généraux payent tous les ans à nos frères de Pensylvanie et Maryland pour les nez de la France.

L’ami Chaubert, honnête libraire, quai des Augustins, lequel me devait quelques deniers, me dit qu’il était dans l’impuissance de me payer, attendu qu’il avait imprimé une instruction dite pastorale, de ta façon, en trois cent huit pages, par monseigneur Cortiat[2], secrétaire. Il m’offrit en payement une grande cargaison d’exemplaires, lesquels il assurait que je pourrais vendre en Canada.

Ami Jean-George,

J’ouvris ton livre ; je fus fâché de voir comme tu traites Newton et Locke, qu’un Français plus juste[3] que toi appelle les

  1. En changeant l’ordre établi par les éditeurs de Kehl, et en mettant l’Instruction (qui précède) avant la (première) Lettre d’un quaker, j’ai transposé aussi la note que les éditeurs de Kehl avaient mise à cette dernière pièce, qui est de la fin de novembre. Il en parut une critique intitulée Lettre contenant quelques observations sur la Lettre d’un quaker, in-8o de 16 pages.

    Une Seconde Lettre du quaker fut donnée par Voltaire au commencement de 1764, et est dans le présent volume à sa date. (B )

  2. Le secrétaire de Pompignan s’appelait Cortial.
  3. Voltaire lui-même ; voyez tome XXII, page 177 ; et, tome II du Théâtre, le second alinéa de l’Épître à madame la marquise du Châtelet (en tête d’Alzire).