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DE LA GAZETTE LITTERAIRE. 153

lange des principes de la vie de ces deux sexes comme la seule cause de la génération. Mais souvent un de ces deux sexes ne fournit point de ses principes ; et combien d'animaux naissent sans cette union !

Descartes, dans son Traite de la Formation du fœtus, n'examine pas seulement la question de la génération.

Harvey, le plus grand anatomiste de son temps, n'admit que le système des œufs, et prit pour devise : Omnia ex ovo'-. 11 dépeu- pla de biches les parcs du roi d'Angleterre, disséqua les unes immédiatement après leur copulation, les autres après quelques lieures, les autres après quelques jours : il crut voir l'origine de la formation, mais il ne la vit pas. Il prétendit de plus que le principe émané du mâle ne produisait aucune altération dans les œufs des oiseaux, et Malpigbi s'assura du contraire par l'ex- périence; mais Malpigbi fut d'accord avec Harvey sur le système des ovaires, c'est-à-dire que toutes les femelles ont des œufs plus ou moins visibles, dans lesquels le fœtus est contenu. Cette opi- nion si vraisemblable de Harvey et de Malpiglii fut universelle, jusqu'au temps où Leuwenhoeck, Valisnieri, et plusieurs autres observateurs, crurent trouver, à l'aide du microscope, dans les principes émanés du mâle, de petits animaux innombrables s'agitant dans la liqueur avec une extrême vitesse.

On crut alors que ces petits animaux, entrant dans le sein de la femelle, y trouvaient des œufs disposés à les recevoir, et que la femelle, en ce cas, n'était que la nourrice. Mais comment de tant d'animaux fournis par le mâle un seul se logeait-il dans un œuf? Comment le coq, animal si multipliant, ne fournissait- il pas ces animalcules, qu'on croyait avoir découverts dans d'au- tres espèces?

On a fini par rester dans le doute : ce qui arrive toujours quand on veut remonter aux premières causes.

L'auteur- de la Vénus physique a. eu recours à l'attraction; il a prétendu que, dans les principes féconds de l'homme et de la femme mêlés ensemble, la jambe gauche du fœtus attire la jambe droite sans se méprendre ; qu'un œil attire un œil en lais- sant le nez entre deux, qu'un lobe du poumon est attiré par l'autre lobe, etc.

Si on avait dit au grand Newton qu'un jour on ferait un tel

1. Voyez tome XXI, page 336.

2. Voltaire ne tourne pas ici Maupertuis en ridicule, comme il en avait coutume; on eût trop facilement reconnu l'auteur de la Diatribe du docteur Akakia. (Cl.)

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