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158 ARTICLES EXTRAITS

des flours et des herbes que Jes vents poussent hors du lieu de leur naissance.

Presque tout ce qui regarde les premiers ressorts de la vie et de la végétation est traité ou indiqué dans ce livre. On connaît les polypes, ces zoopliytes ou animaux-plantes. Si quelque chose paraît confirmer le système de la continuité de la chaîne des êtres, ce sont ces formes intermédiaires (jui paraissent remplir l'intervalle des végétaux et des animaux, et qui semblent être des animaux mi-partis de la chaîne immense de la nature. Cette idée, renouvelée des Grecs, est-elle aussi vraie qu'imposante? De la végétation au simple sable, à l'argile, n'y a-t-il pas une dis- tance infinie ? Les polypes, les orties de mer, sont-ils bien réelle- ment des animaux? ont-ils du sentiment, et n'est-ce pas le don inexplicable du sentiment qui constitue l'animal? Aperçoit-on réenemcnt une gradation continue et sans interruption entre les êtres? Nous voyons des animaux à quatre pieds et à deux, mais il n'y en a point à trois, malgré les admirables propriétés attri- buées au nombre de trois par toute l'antiquité. On trouve des reptiles qui ont un nombre de pieds indéterminé. Combien d'espèces ne peut-on pas imaginer entre l'homme et le singe, entre le singe et d'autres genres !

Et si nous levions les yeux vers l'espace, quelle gradation pro- portionnelle y a-t-il entre les distances, les grosseurs, et les révolutions des planètes? Cette chaîne prétendue se trouve rom- pue de Saturne jusqu'aux entrailles de notre petit globe.

Les bornes d'un extrait ne nous permettent pas un plus long examen. Nous finissons par remarquer que, dans quelque système ([u'on embrasse, il faut admettre une force motrice qui, d'un em- bryon plus petit que la cent millième partie d'un ciron, lorme un éléphant, un chêne. C'est cette force motiice, le principe de tout, dont nous demandons raison. Ehe agit d'un bout de l'uni- vers à l'autre. Mais quelle est-elle ? L'éternel Géomètre Mious a permis de calculer, de mesurer, de diviser, de composer; mais, pour les premiers principes des choses, il est à croire qu'il se les est réservés.

��i. Expression dont Voltaire s'est souvent servi. (Cl.)

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