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il ne devait pas, à mon avis, me blesser de sa flèche en cet état, et montrer son arc quand vous étiez armée*.

Ce qu'il y a de plus singulier dans ce sonnet, c'est qu'il fut longtemps, chez les Italiens, le sujet d'une dispute très-vive, pour savoir s'il avait été composé le lundi ou le vendredi de la semaine sainte.

Le fameux sonnet Lagola el sonno,e V oziose j^iurne, commence heureusement ; mais y a-t-il rien de plus faible que la fin, qui devrait être saillante?

Tanto ti priego più, gentile spirto, Non lassar la magnanima tua impresa.

(Sonn. VII.)

Tant plus je vous prie, esprit aimable, de ne point abandonner votre grande entreprise.

Que dire de cet autre sonnet si admiré, composé, dit-on, dans la forêt des Ardennes? L'auteur prétend dans ces vers que la té- nébreuse horreur de la forêt ne peut l'épouvanter, parce qu'il n'y a que le soleil de Laure et ses rayons d'amour qui puissent lui donner quelque effroi ; et la chute de ce beau sonnet, c'est que rarement le silence, la solitude, et l'ombrage, lui font plaisir, parce qu'alors il ne voit pas le soleil de Laure.

On peut défier les admirateurs de ces sonnets d'en trouver un seul qui finisse aussi heureusement que celui de Zappi- sur les malheurs de l'Italie.

Ch'or giù dair Ali^i non vedrei torrenti Scender d' armati, ne di sangue tinta Bever 1' onda del P6 Gallici armenti;

Ne te vedrei del non tuo ferro cinta Pugnar col bracclo di straniere genti, Per servir sempre, o vincitrice, o vinta.

malheureuse Italie! je ne verrais pas aujourd'hui descendre du haut des Alpes ces torrents destructeurs, et les coursiers de la Gaule boire l'onde ensanglantée du Pô.

1. Ce n'est pas le sens du dernier vers : L'Amour, dit Pétrarque, ne devait pas me frapper d'une flèche, moi désarmé, et à vous, qui êtes armée, ne pas seule- ment montrer son arc, ne pas livrer le moindre assaut, ne pas causer le moindre trouble.

2. Né en 1667, mort en 1719.

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