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DE LA GAZETTE LITTÉRAIRE. 187

que celles de Pétrarque ; et nous sommes si riches en ce genre que nous dédaignons de nous en faire un mérite. Je ne crois pas qu'il y ait dans Pétrarque une seule chanson qu'on puisse op- poser à celle-ci ^ :

Oiseaux, si tous les ans vous quittez nos climats Dès que le triste hiver dépouille nos bocages, Ce n'est pas seulement pour changer de feuillages,

Et pour éviter nos frimas; Mais votre destinée Ne vous permet d'aimer qu'en la saison des fleurs; Et quand elle a passé, vous la cherchez ailleurs,

Afin d'aimer toute l'année.

L'auteur des Mémoires rapporte plusieurs sonnets de son auteur favori ; voici comme finit le premier :

Mille trecento ventisette appunto, Su r ora prima, il di sesto d' aprile, Nel laberinto intrai, ne veggio ond' esca.

(Sonn. cLsxvi.)

L'an mil trois cent vingt-sept, tout juste le sixième d'avril, au matin, j'entrai dans le labyrinthe de l'amour, et je ne vois pas comment j'en sortirai.

On ne peut pas accuser ce sonnet d'être trop brillant; il n'y a pas là de beautés recherchées.

L'auteur rapporte aussi le second sonnet, qui finit par ces vers :

Trovommi Amor del tutto disarmato, Ed aperta la via per gli occhi al core, Che di lagrime son fatti uscio^ e varco.

Pero, al mio parer, non li fu onore

Ferirme di saetta in quelio stato,

E a voi armata non mostrarpur l'arco.

(Sonn. m.)

L'Amour me surprit sans défense et s'ouvrit le chemin de mon cœur par mes yeux, qui sont devenus une porte et une voie de larmes;

��1. Ces vers sont cités, avec quelques difierences, au mot Ch.wsons, dans l'ouvrage intitulé Connaissance des beautés et des défauts, etc. Voyez tome XXIII,. page 356.

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