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196 ARTICLES EXTRAITS

M. Algarotti fut le premier en Italie qui soutint que, pour faire de l'opéra un spectacle complet, il fallait imiter la France, joindre des fêtes au sujet, et incorporer ces divertissements à la pièce. Il donna un plan cVIphigènie en Aulide pour être traité dans ce goût ; mais un opéra tel que celui de France exige tant d'acteurs, tant de changements de décoration, tant de machines, qu'il est impossible aux entrepreneurs d'Italie de hasarder une si forte dépense. Il faut un grand souverain ou une ville comme Paris pour faire ce que demandait M. Algarotti. Son Altesse royale l'infant duc de Parme ^ a seul fait exécuter ce projet. Ailleurs on est encore obligé de s'en tenir à l'ancien usage de faire chanter à quatre ou cinq personnages de très-longs récitatifs entremêlés d'ariettes souvent étrangères à la scène, de sorte que le dialogue et les airs se nuisent réciproquement.

M. Algarotti était un des plus grands connaisseurs de l'Europe en peinture, en sculpture, en architecture. Il a vu la mort avec courage dans le temps qu'il devait aimer le plus la vie, et il s'est érigé un mausolée plutôt encore par goût pour les Leaux-arts que par le désir d'illustrer sa mémoire.

��XIX.

Anecdotes sur le Cid. (1^ auguste 1764.)

Nous avions toujours cru que le Cid de Guillem de Castro était la seule tragédie que les Espagnols eussent donnée sur ce sujet intéressant; cependant il y avait encore un autre Cid qui avait été représenté sur le théâtre de Madrid avec autant de suc- cès que celui de Guillem. L'auteur est don Juan Bautista Blâ- mante, et la pièce est intitulée « Comedia famosa del Cid, honrador de su padre; la fameuse comédie du Cid, qui honore son père » (à la lettre, honorateur de son pire).

Il y a même encore un troisième Cid, de don Fernando de Zarate, tant ce nom de Cid était illustre en Espagne et cher à la nation.

On peut observer que ces trois pièces portent pour titre :

��t. Don Philippe, infant d'Espagne, né en 1720, mort de la petite vérole le 18 juillet 1765.

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