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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/270

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26u QUESTIONS PROPOSÉES.

Dieu a donné des âmes aux planètes pour diriger leurs courses, aux mers pour s'élever au-dessus de leurs rivages, et pour s'en éloigner dans les temps marqués, aux éléments pour entretenir l'harmonie du monde ? Vous avez compris enfin que Dieu exé- cute toutes ces opérations par ses lois éternelles, sans aucun secours intermédiaire ; pourquoi donc aurait-il besoin de secours pour animer un être auquel il aura donné des sens? Quoi! le soleil et tous les globes célestes n'ont point d'âme, et il faudra qu'un bœuf en ait une ? Est-il donc plus difficile à Dieu de donner du sentiment à ce bœuf, et assez d'instinct pour aller de lui-même à son étable, que de prescrire à Jupiter et à Saturne la route dans laquelle ils marchent ? Dieu n'a-t-il pu donner aussi aisément des idées aux animaux que la gravitation vers un centre à la matière ?

On ne prétend point du tout faire entrer l'àme humaine dans cette question 1. La révélation nous rend certains que nous avons une âme spirituelle, immortelle ; nous ne parlons que de l'âme des animaux.

On demande une solution à ces difficultés, et on se flatte que, parmi tant de philosophes dont l'Europe est remplie, il s'en trou- vera quelqu'un qui voudra l)ien nous éclairer. Nous attendons de lui des raisons, et non pas des paroles.

1. Prudente restriction faite par le journal. «L'auteur, écrit Voltaire à Dami- laville, a mis partout, à la vérité, le mot de bête à la place de celui d'homme: mais on voit assez qu'il entend toujours les bêtes à deux pieds, sans plumes. H n'y a rien de plus fort que ce petit morceau ; il ne sera remarqué que par les adeptes. »

��FIN DES QUESTIONS PROPOSEES.

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