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294 DOUTES SUR LE TESTAMENT

Genève en 1757, et non à des éditions antérieures, imprimées sans mon aveu ; j'aurais désiré qu'il eût consulté, à la page 298 de ce IV* tome, le chapitre xlviii, intitulé Raisons de croire que le livre intitulé Testament politique, etc., est un ouvrage supposé^.

Il aurait vu que, dans cette édition, il n'est point question des millions d'or dont il parle. Ne mêlons point ces bagatelles à l'essentiel de la cause : des discussions inutiles détournent des grands objets; allons toujours au fait principal dans toute alTaire.

OBJECTION.

J'avais dit qu'il n'est pas naturel qu'un premier ministre demande l'abolition des comptants ; j'avais dit que l'alïaire des comptants ne fit du bruit qu'au temps de la disgrâce de Fouquet. M. de Foncemagnc me répond que « l'affaire des comptants avait fait du bruit longtemps avant la disgrâce du surintendant ; le cardinal ne l'ignorait pas. Le grand Henri, dit-il, connaissait le mal établi du temps de son prédécesseur, et ne l'a pu ôter. L'exemple de M. de Sully, etc. »

RÉPONSE.

Je m'en tiens à ces propres paroles, pour être fondé à croire que le Testament politique ne peut être du cardinal de Richelieu. Les Mémoires de Sully ne parurent que longtemps après la mort du cardinal^; ce ne peut donc être lui qui les cite, ce ne peut être que l'abbé de Bourzeis. L'affaire des comptants n'avait donc point fait de bruit avant la disgrâce de Fouquet.

Mais il y a bien plus. Voici comme l'auteur fait parler le car- dinal : « Entre les voies par lesquelles on peut tirer illicitement les deniers des coffres du roi, il n'y en a point de si dangereuses que celle des comptants, dont l'abus est venu jusqu'à tel point que n'y remédier pas et perdre l'État c'est la même chose, etc. »

Qui disposait alors des comptants, je vous prie ? qui les signait ? C'était le cardinal lui-même. On lui fait donc dire qu'il tire illicitement les deniers des coffres du roi ; on met dans sa bouche une accusation de péculat contre sa personne ; on lui fait dire nettement qu'il est criminel do lèse-majesté. Une pareille

��1. Voyez tome XXIII, page 443.

2. Ri.chelieu n'est mort qu'en ICii', un an après Sully, qui avait publié lui- même, en lG3i, les deux premiers volumes de ses Mémoires. Voyez tome X\ , page 561.

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